Le chauffeur qui a happé un groupe de six cyclistes sur la route 112 à Rougemont, au mois de mai dernier, ne sera pas poursuivi au criminel. Le ministère public et la Sûreté du Québec (SQ) ont annoncé hier aux familles des trois victimes ainsi qu'aux survivants de l'accident qu'il n'était pas possible de démontrer que le conducteur avait agi de manière criminelle.

Les proches des victimes se sont rendus hier matin au palais de justice de Longueuil pour rencontrer la procureure de la Couronne et l'enquêteur de la SQ affecté au dossier. À leur sortie de la réunion, qui a duré près de deux heures, ils se sont dits déçus mais surtout frustrés de ne toujours pas connaître, six mois après le drame, la cause de l'accident qui a fauché la vie de Lyn Duhamel, 39 ans, Christine Deschamps, 44 ans, et Sandra De La Garza, 36 ans.

«Il n'y a pas d'explication. Pour eux, ce n'est qu'un bête accident», a dit France Carignan, qui roulait côte à côte avec sa conjointe, Christine Deschamps, lorsqu'elles ont été heurtées. «Nous n'avons pas de désir de vengeance, mais nous sommes déçus du message que ça envoie à la population. À mon sens, les gens doivent être responsables de leurs actes, même s'ils ne sont pas des criminels.»

«On reste dans le mystère», a ajouté, la voix remplie d'émotion, Marc Flageole, le conjoint de Lyn Duhamel. «Comment peut-on éviter qu'un autre incident comme celui-là se produise si on n'en connaît pas la cause? Après toute cette attente, les expertises, les milliers de dollars dépensés dans l'enquête, de ne pas savoir, c'est difficile à accepter.»

Afin de trouver des réponses à leurs questions, les familles des victimes comptent entreprendre des démarches pour obtenir le rapport de police et celui de la reconstitution de la scène de l'accident.

Ils fondent également leurs espoirs sur la publication du rapport du coroner André Dandavino. Ce dernier avait déjà fourni quelques renseignements au lendemain de la tragédie. Selon ses conclusions préliminaires, le conducteur avait mis en marche le régulateur de vitesse de son véhicule. Le père de famille de 29 ans, qui travaille dans une entreprise d'installation de systèmes d'alarme, revenait de son quart de travail de nuit. Il était également pompier volontaire. Il n'a jamais donné publiquement sa version des faits.

La porte-parole du directeur des poursuites criminelles et pénales, Martine Bérubé, a dit hier à La Presse que, après avoir analysé les rapports policiers, il n'y avait pas de preuve «hors de tout doute» qu'il y a eu négligence criminelle ou conduite dangereuse.