«Comme père, je n'ai rien à lui reprocher. C'est mon fils: je l'ai élevé, il a grandi dans ma maison et il a toute ma confiance. Je n'arrive pas à croire ce qui se passe, votre honneur. On a une vie familiale. On va au cinéma ensemble, on va au restaurant ensemble. On va partout...»

Véhément, Joseph Abitbol a de nouveau défendu son fils au palais de justice de Montréal, cet avant-midi, dans l'espoir de convaincre le juge Robert Marchi de lui rendre sa liberté.

Même si la police assure que David Abitbol a proféré des menaces de mort lors de clavardages, qu'il se croit menacé par des «lutins» et collectionnait des photos de fillettes nues, le bijoutier retraité persiste à croire qu'il s'agit de «niaiseries, de paroles en l'air».

D'après lui, lors de la perquisition qui a mené à l'arrestation de son fils, le 2 octobre, ce dernier venait tout simplement de nettoyer ses armes pour se rendre au club de tir, le lendemain. C'est pourquoi elles se trouvaient à portée de main dans sa chambre, dit-il. Et non pour abattre les anciennes enseignantes et l'ancien camarade qu'il a écrit vouloir tuer.

Son fils a-t-il besoin de consulter un psychiatre? a interrogé la poursuite. «Si c'est nécessaire, si la cour le décide, je vais le faire», a répondu Joseph Abitbol, qui a scandé cette phrase du début à la fin de son témoignage. Le résidant de Montréal-Nord a ainsi promis de verser une caution pour faire libérer son fils, de le surveiller, de se débarrasser de son arme, de sa connexion internet et même de son ordinateur.

«Mon fils a travaillé pendant six ans à la même place (dans le domaine de la lithographie). Il ne dit jamais non aux heures supplémentaires, a aussi tenu à dire Joseph Abitbol. Notre avocat a appelé son travail et on est prêt à le recevoir là-bas. «Vous savez pourquoi j'ai acheté une arme? a-t-il lancé plus tard. C'est juste comme ça, pour avoir une arme à la maison. Ce n'est pas pour l'idéologie, pour faire des choses avec. Mais il n'y en aura plus du tout chez moi. Ni pour mon fils, ni pour moi-même. Je n'en veux plus.»

Pour l'instant, l'homme risque néanmoins de faire face, comme son fils, à des accusations criminelles. Car l'enquêteur de la Sûreté du Québec, Mathieu Boulianne, a affirmé qu'une carabine retrouvée dans son placard de chambre et lui appartenant n'était pas verrouillée comme elle aurait dû l'être.

L'enquêteur a par ailleurs décrit les 250 photos de pornographie juvénile retrouvées dans l'ordinateur de David Abitbol. Selon lui, les 100 premières montrent une fillette de 10, 11 ou 12 ans en train de se déshabiller. Les 150 autres montrent une autre écolière (qui pourrait avoir le même âge ou un peu plus) en train de faire la même chose ou de prendre un bain. Les dernières photos auraient apparemment été effacées par David Abitbol, mais récupérées par les enquêteurs.

Quant aux trois échanges inquiétants sur Facebook et MSN, ils auraient duré près de neuf heures. Le troisième s'est terminé dans la nuit du 1er au 2 octobre. Une demi-heure plus tard, vers deux heures du matin, les enquêteurs débarquaient boulevard Gouin Est. Ils ont alors saisi les armes, deux disques durs et un ordinateur, mais ont laissé derrière eux de fausses grenades, un ensemble pour fabriquer des munitions et un autre de nettoyage.

Les témoignages d'aujourd'hui ont enfin révélé que David Abitbol a été adopté dès l'âge de 6 ou 7 mois et qu'il a toujours vécu avec son père et sa mère depuis. Le jeune homme possède des armes depuis huit ans et fréquente depuis plusieurs années deux clubs de tir, à raison d'une fois par semaine ou d'une fois aux deux semaines, selon son père.

Ce dernier a tenu une bijouterie pendant 35 ans rue Sainte-Catherine et a pris sa retraite il y a un peu plus d'un an. Il a dit adorer la pêche, aimer le jardinage, le jogging et regarder la télévision. «Avec ma femme, on sort magasiner, a-t-il continué. On va visiter des amis à Ottawa et à Toronto ou notre famille aux États-Unis. On vit comme tout le monde.»

L'enquête sur la mise en liberté de David Abitbol se poursuivra vendredi matin avec le témoignage de sa mère et d'une autre personne non identifiée.