En couple depuis 37 ans, Theo Wouters et Roger Thibault ont emménagé rue Parkdale en 1978. Ce n'est qu'une vingtaine d'années plus tard que les relations avec les voisins se sont détériorées.

Soudainement, leur voisin d'à côté, M. Walker, était devenu harcelant et insultant. Les plaintes se succédaient à un rythme effarant au poste de police de Pointe-Claire. Ce qui semblait n'être qu'une banale mais virulente chicane de clôture a été élevé au rang de scandale homophobe. L'affaire avait fait grand bruit à l'époque. En mai 2001, une marche contre l'homophobie avait attiré quelques milliers de personnes dans ce paisible quartier de Pointe-Claire. Le couple est devenu le porte-étendard de la lutte contre l'homophobie.

Dans la foulée, le couple a porté plainte à la Commission des droits de la personne contre M. Walker et contre Greg Inglis, le voisin d'en face. M. Walker a aussi été accusé en Cour du Québec de harcèlement criminel et de voies de fait armées contre le couple. Au terme de son procès, en novembre 2002, il a été acquitté de toutes les accusations.

M. Walker a répliqué par une poursuite en diffamation contre MM. Wouters et Thibault. L'affaire s'est réglée à l'amiable en juin 2008, à la veille du procès. En plus de se désister de son recours devant le Tribunal des droits de la personne, le couple gai s'est engagé à verser 150 000$ à M. Walker et à sa femme, Nora Litchfield. En retour, ces derniers se sont engagés à déménager dans les 12 mois, à l'extérieur d'un certain quadrilatère.

Encore et encore

Un an et un mois après, donc en juillet 2009, le couple Wouters-Thibault a demandé une injonction contre les Walker au motif que ceux-ci n'avaient pas respecté leur part de l'entente: même s'ils prétendaient avoir déménagé, ils venaient souvent dans leur ancienne maison et les narguaient, ont soutenu les deux hommes. Les caméras vidéo avaient repris du service.

«On avait déménagé, mais la maison n'était pas encore vendue. Il fallait bien qu'on y aille pour l'entretenir et voir si tout allait bien», se défend Robert Walker. La maison de la rue Parkdale a finalement été vendue en décembre 2009. La Presse a constaté la semaine dernière que personne ne l'habite encore - le nouveau propriétaire est en train de la rénover. Des caméras font toujours le guet sur la maison du couple gai.

Les Walker sortent meurtris de cette malheureuse aventure. Ils avaient emménagé rue Parkdale en 1984 et aimaient beaucoup l'endroit. M. Walker se défend bien d'être homophobe. «Je savais qu'ils étaient homosexuels quand j'ai emménagé. Cela ne m'a jamais dérangé.» Il ne comprend pas pourquoi les relations, autrefois cordiales, se sont brutalement détériorées à la fin des années 90. «Je ne sais pas, ils sont devenus très militants», dit-il.

La famille Walker a donc quitté la rue Parkdale à regret pour s'établir à Dorval et enfin tourner la page. Mais le cauchemar se poursuit. Le couple gai lui réclame maintenant 250 000$ pour harcèlement depuis 2006.

Dans la requête, la litanie des reproches est longue: «M. Walker nous suivait en voiture, il mettait sa chaise de parterre proche de la limite du terrain pour nous regarder, il a bloqué le drain pour que l'eau s'accumule dans l'allée de stationnement, il a craché dans notre direction... son épouse faisait exprès pour envoyer son chien près de la ligne de propriété pour actionner nos lumières de sécurité...»

La date du procès n'est pas encore fixée.