Si le système d'alarme de la mine avait été correctement branché, ou si le système de pompage de l'eau avait été réparé, les trois mineurs qui ont péri l'an dernier dans le Nord-du-Québec seraient probablement en vie aujourd'hui.

C'est ce que conclut la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) dans un rapport d'enquête rendu public jeudi sur l'accident survenu le 30 octobre 2009 à la mine Lac Bachelor, située dans le secteur de Desmaraisville, entre Lebel-sur-Quévillon et Chibougamau.

La CSST estime que l'employeur, Ressources Métanor, a agi de façon à «compromettre la sécurité des travailleurs».

Vers 21h15, Bruno Goulet, Dominico Bollini et Marc Guay ont pris place dans un ascenseur pour aller faire des travaux de restauration au douzième et dernier niveau de la mine, à plus de 500 mètres de profondeur.

Les travailleurs présumaient que la mine était à sec, mais les deux derniers niveaux étaient en réalité inondés. Au onzième niveau, la cage de l'ascenseur a donc plongé dans l'eau glaciale des profondeurs.

Lorsque l'opérateur l'a remontée à la surface, elle était vide. Trois jours plus tard, les corps des mineurs ont été retrouvés au fond du puits.

Trois causes

Après un an d'enquête, la CSST a retenu trois causes pour expliquer ce triste accident de travail, le plus grave survenu l'an dernier au Québec.

D'abord, l'eau s'était accumulée au fond du puits parce que le système de pompage était brisé. Il manquait un boulon sur un tuyau, a constaté l'inspecteur Mario St-Pierre, de la CSST.

Ensuite, le système d'alarme qui avertit les mineurs lorsque le niveau de l'eau est trop élevé ne fonctionnait pas. Les sondes qui actionnent l'alarme avaient été débranchées.

Enfin, les jours précédant l'accident, l'employeur n'a pas fait de tests pour vérifier le puits en entier, enfreignant ainsi le Règlement sur la santé et la sécurité du travail dans les mines. L'eau s'accumulait au fond du puits depuis 10 jours.

«La compagnie a eu tort partout, a réagi jeudi Italo Bollini, le père de l'une des victimes, joint à son domicile du Lac-Saint-Jean. C'est simple, c'est eux qui ont tué mon fils.»

La CSST a imposé une amende de plusieurs milliers de dollars à Ressources Métanor. L'entreprise a fait savoir jeudi qu'elle allait la contester.

«On ne veut pas prendre toute la responsabilité de l'accident», a dit Pierre Bernaquez, surintendant des ressources humaines. Celui-ci indique que les opérations dans la mine ne relevaient pas de Métanor, mais bien d'un sous-traitant.