Alors qu'Ottawa s'attend à ce que d'autres navires de réfugiés se dirigent vers le Canada, le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, lance une campagne de sensibilisation contre la traite des humains.

En août, après l'amarrage d'un navire en Colombie-Britannique avec à son bord 492 demandeurs d'asile tamouls du Sri Lanka, Ottawa avait promis de serrer la vis à ceux qui profitent financièrement du trafic de personnes, craignant que des organisations criminelles cherchent à profiter de la générosité du Canada.

Mardi, le sous-commissaire à la GRC, Raf Souccar, qui accompagnait le ministre Toews pour son annonce, a tenu à faire une distinction entre l'arrivée de migrants clandestins et la traite de personnes.

«C'est très différent», a souligné M. Souccar, précisant que l'arrivée du navire MV Sun Sea est pour l'instant considérée comme un cas de passages clandestins.

«Mais le passage de migrants clandestins peut parfois se transformer en traite de personnes, a-t-il ajouté. Ça arrive parfois lorsqu'un individu accepte de payer une somme d'argent pour se rendre dans un pays donné, mais qu'il est incapable de faire ses paiements.»

Ottawa appuie donc financièrement une campagne publicitaire menée par l'Association canadienne d'échec au crime, qui incitera la population à dénoncer, même de façon anonyme, les cas de traite de personnes.

«Le trafic de personnes ne se limite pas aux endroits éloignés et aux étrangers. Ça se passe dans nos quartiers, chez nous», stipule le message vidéo, sur des images de gens les yeux bandés, qui «ferment les yeux» devant cette réalité.

Le ministre accorde ainsi une enveloppe de 120 000$ pour le lancement de la campagne, tirée d'un engagement pris dans le budget 2007, d'investir 6 millions de dollars par année pour lutter contre la traite de personnes.

La GRC a en parallèle lancé une campagne intitulée «Je ne suis pas à vendre», pour sensibiliser les victimes potentielles et appuyer les organismes qui leur viennent en aide. «Aujourd'hui, on sait que la traite de personnes est l'un des crimes ayant la plus forte croissance au niveau international. La majorité des victimes sont forcées de travailler dans l'industrie du sexe, se font exploiter et sont privées de leurs droits», a dit le ministre Toews, ajoutant que les victimes étrangères au Canada proviennent pour la plupart de pays asiatiques: Corée, Chine, Taiwan, Malaisie, et de certains pays d'Europe de l'Est, dont la Roumanie, l'Ukraine et la Moldavie.

Le gouvernement conservateur de Stephen Harper a récemment fait adopter une loi, entrée en vigueur cet été, qui impose des peines de prison minimales pour toute personne qui se rend coupable de traite d'humains. Le ministre Toews a prévenu mardi que d'autres navires de réfugiés pourraient être en chemin vers le Canada.