Un danseur nu du bar Campus, dans le Village gai, a voulu rendre service à un trafiquant qui vendait de la drogue dans l'établissement, qui lui avait demandé de le remplacer pour un soir en raison d'une «urgence familiale». Mal lui en prit: piégé par un agent double, le danseur converti en trafiquant amateur s'est fait arrêter le soir même.

Francis Larocque, 32 ans, a depuis été congédié du Campus. Hier, au palais de justice de Montréal, le juge Claude Parent l'a condamné à neuf mois de prison avec sursis. Le magistrat lui a imposé une peine clémente, convaincu que Larocque avait commis une erreur de parcours.

«Mon client a été bonasse. Il a eu amplement sa leçon. Il s'agit d'un incident isolé», a plaidé son avocate, Me Isabelle Larouche. Lors de son arrestation, le 28 mai dernier, Larocque a d'ailleurs dit candidement aux policiers: «J'ai été bête d'accepter ça. Qu'est-ce qui va m'arriver?» La Couronne s'est dite en accord avec l'analyse de la défense.

Des policiers de Montréal avaient reçu l'information selon laquelle un certain Rico vendait de la drogue dans ce bar de danseurs nus de la rue Sainte-Catherine Est. Ils ont alors ouvert une enquête. Des agents doubles ont fait plusieurs transactions avec ce Rico, dont le vrai nom n'a pas été dévoilé en cour, hier.

Le 28 mai, Rico a demandé au danseur de le remplacer parce qu'il avait une «urgence familiale», lui promettant du même coup de partager ses profits. La défense soupçonne que Rico a senti la soupe chaude ce soir-là et que c'est la raison pour laquelle il a refilé ses stupéfiants à l'accusé.

Larocque a eu plusieurs clients, dont un agent double à qui il a vendu de la cocaïne. Il s'est fait arrêter, et les policiers lui ont confisqué le fruit de ses ventes (780$), de la marijuana et des comprimés de Cialis.

La Couronne aurait voulu qu'il soit interdit à l'accusé de se trouver dans un bar pour la durée de sa probation. «Il a déjà dansé dans un bar de danseurs. Il a sans doute d'autres talents pour gagner sa vie. On ne voudrait pas qu'il se retrouve dans un milieu où il pourrait céder à la tentation à nouveau», a dit le représentant de la poursuite.

Le juge a toutefois déterminé qu'une telle interdiction n'était pas nécessaire. L'accusé s'est recyclé dans le domaine de la construction. Il ne devra pas quitter le Québec dans les neuf prochains mois et aura un couvre-feu à respecter.