Vêtus de l'uniforme orange des détenus, les trois présumés terroristes arrêtés la semaine dernière en Ontario ont comparu brièvement, mercredi, par vidéoconférence au palais de justice d'Ottawa, dans un processus qui s'annonce long et complexe.

Les avocats de Hiva Alizadeh, Misbahuddin Ahmed et Khurram Sher, accusés d'avoir comploté pour commettre un attentat terroriste, ont reçu de la poursuite des centaines de pages de documents, et d'autres devraient suivre dans les prochains jours.

«Le premier classeur qui nous a été remis aujourd'hui contient l'information générale sur les trois accusés. Dans les prochains jours, nous devrions en recevoir un avec de l'information plus précise sur notre client», a déclaré Me Sean May, l'avocat de Hiva Alizadeh, à la sortie du tribunal.

«À ce stade, on est au tout début et on doit lire les documents», a-t-il ajouté. Il a reconnu que le processus pourrait durer plusieurs mois, voire des années.

Misbahuddin Ahmed, technicien en radiologie de 26 ans, a comparu le premier. Son audience pour demander une libération sous caution a été fixée au 15 septembre.

Quant à Khurram Sher, médecin pathologiste de 28 ans, il comparaîtra de nouveau demain par vidéoconférence, mais la date de l'audience sur sa libération sous caution n'a pas encore été fixée.

Le seul à faire face à plus d'un chef d'accusation, Hiva Alizadeh, ne retournera pas devant le juge de paix avant le 16 septembre, et aucune date d'audience sur sa libération conditionnelle n'est encore prévue. Il est accusé d'avoir eu en sa possession des explosifs avec l'intention de causer des dommages et d'avoir fourni des biens ou du financement à une organisation terroriste, en plus de l'accusation de complot.

L'avocat de M. Alizadeh n'exclut pas de devoir s'adresser à la Cour fédérale si certains éléments de preuve ne lui sont pas communiqués parce que les agences fédérales jugent que leur divulgation pourrait nuire à la sécurité nationale.

Me May juge que les conditions de détention de son client sont acceptables, mais il estime que ce dernier est quelque peu dépassé par les événements. «Il prend les accusations très au sérieux, a dit l'avocat. Il est réceptif et participe à nos rencontres de façon posée et réfléchie. Mais ce sont des circonstances et une expérience très accablantes.»

Selon le quotidien pakistanais Daily Times, les autorités du Pakistan auraient joué «un rôle crucial» dans l'enquête canadienne sur la présumée cellule terroriste ontarienne. Toujours selon cet article, qui cite des sources anonymes, au moins un des trois accusés serait lié à des groupes terroristes pakistanais.

De passage à Halifax, le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, s'est inquiété du «phénomène relativement nouveau» des «terroristes qui ont grandi au pays».

«Je pense que c'est une préoccupation importante autant qu'aux États-Unis, qu'ici, parce qu'il ne s'agit plus d'empêcher ces individus d'entrer chez nous, a-t-il souligné. Ce sont des individus qui sont déjà à l'intérieur de nos frontières, qui sont nos voisins, nos concitoyens.»

«C'est très troublant de voir des Canadiens de deuxième et troisième génération impliqués dans des actes terroristes. Et ça représente un défi important pour les agences de sécurité et de maintien de l'ordre», a ajouté le ministre Toews.