En prison, le prédateur sexuel Nick Paccione a entretenu une relation épistolaire soutenue avec le tueur en série Angelo Colalillo.

Déjà déclaré délinquant dangereux, Paccione est jugé pour avoir, dans ses missives, incité le tueur (maintenant mort) à commettre des meurtres.

Lundi, au palais de justice de Montréal, la Couronne a produit en preuve une quarantaine de lettres dont Paccione est l'auteur ou le destinataire. La majeure partie de cette correspondance a été saisie dans la cellule de l'homme de 43 ans au pénitencier de Port-Cartier, en octobre 2002. Une dizaine de lettres ont également été trouvées à la résidence de Colalillo.

Nick Paccione est soupçonné d'avoir incité 11 fois Colalillo à tuer quelqu'un. «À notre connaissance, Colalillo n'a pas donné suite à ces incitations», a indiqué le procureur de la Couronne, Me Louis Bouthillier. Il reste que l'incitation à commettre un meurtre est un crime punissable de la prison à vie. Paccione savait que Colalillo avait déjà commis des meurtres, selon la poursuite.

Paccione a commis plusieurs agressions sexuelles violentes, dont l'une contre un enfant de 10 ans. Il a été déclaré délinquant dangereux en 2000 et est incarcéré pour une durée indéfinie. Toutefois, après sept ans, un délinquant dangereux peut demander sa libération à la Commission nationale des libérations conditionnelles. Son dossier est ensuite réévalué tous les deux ans.

Libération conditionnelle

Paccione est donc déjà admissible à la libération conditionnelle. Une condamnation dans ce dossier réduirait ses chances de sortir rapidement de prison. «D'où l'importance que justice soit rendue», a expliqué Me Bouthillier hier aux médias. De son côté, l'avocat de Paccione, Me Loris Cavaliere, n'a pas voulu faire de commentaire avant la fin du procès.

Le contenu des lettres est frappé d'un interdit de publication parce que le tribunal a jugé qu'il s'agissait de matériel pornographique. Le correspondant de Paccione, Angelo Colalillo, a assassiné au moins trois jeunes femmes ou filles, dont une enfant de 12 ans. L'homme de 41 ans s'est suicidé en prison en janvier 2006, quelques jours avant le début de son procès pour ces meurtres ainsi que des tentatives de meurtre.

Paccione et Colalillo se sont connus à la prison de La Macaza. Après avoir recouvré sa liberté, Colalillo est resté en contact par écrit avec Paccione. Ce dernier a également correspondu avec Marlène Chalfoun, une agente de liaison de la cour municipale de Montréal qui fantasmait sur des récits de sexe et de violence. Il a d'ailleurs mis en contact la criminologue avec Colalillo. Leurs sombres desseins ont été mis au jour en 2002, lorsqu'un gardien de la prison de Port-Cartier a ouvert le courrier de Paccione.

Inculpée de complot pour agression sexuelle grave, Chalfoun a été acquittée en 2003.

Le procès de Paccione se poursuivra le 3 novembre. Il est aussi inculpé, dans un autre dossier, pour avoir proféré des menaces en prison, en 2007.