Le cyberpédophile Nicolas Stone a écopé dix ans de prison ce matin au palais de justice de Longueuil. Ce père de trois jeunes enfants a fait 55 victimes, toutes des jeunes filles âgées de 12 à 17 ans. Cela en fait l'un des pires cyberprédateurs au Canada.

«Le présent dossier est fortement révélateur et rappelle que même dans le calme et la sécurité de sa chambre à coucher, l'enfant où l'adolescent est trop facilement la cible de personnes souhaitant assouvir leurs bas instincts», écrit la juge Ellen Paré de la Cour du Québec dans sa décision rendue ce matin.

Cette cause constitue «une sorte de cri d'alarme relativement à l'encadrement et la surveillance dont les enfants et les adolescents doivent faire l'objet dans l'usage d'un ordinateur», poursuit la magistrate.

Le père de famille  a plaidé coupable  en décembre dernier aux 71 accusations qui pesaient sur lui. Il recrutait les adolescentes dans des sites de clavardage. Il leur demandait de lui montrer leurs parties génitales, des photos d'elles nues et il leur proposait des rencontres et des contacts sexuels en échange d'argent. Il a eu des relations sexuelles avec certaines d'entre elles.

Les rendez-vous avec ses victimes étaient fixés chez leurs parents, quand ils étaient absents, ou alors dans sa voiture ou dans des motels. Il connaissait l'âge réel de ses victimes. Il a même dit à l'une d'entre elles : «T'es cool en criss pour une fille de 12 ans».

Le manège de Stone a pris fin quand l'une de ses victimes, une jeune fille de 13 ans, s'est confiée à ses parents. Les policiers ont mis plusieurs mois à analyser le contenu de ses ordinateurs, notamment les quelque 20 000 pages de discussions sur MSN entre Stone et ses victimes. Stone n'avait pas d'antécédents judiciaires.

Nicolas Stone est demeuré stoïque au moment du prononcé de la peine. Compte tenu du temps qu'il a passé en détention préventive, il lui reste quelque cinq ans de prison à purger. Il pourrait sortir au tiers de sa peine, soit d'ici deux ans. Il peut compter sur le soutien de ses parents et de son ancienne conjointe avec qui il a été marié pendant neuf ans et a eu trois enfants, selon son avocat, Me Robert Lahaye. Son arrestation a provoqué la rupture du couple.

Selon son ex-femme, rien ne laissait présager ces accusations. Stone a entrepris une thérapie en prison. Il admet avoir une cyberdépendance à la pornographie juvénile, mais n'est toujours pas en mesure de reconnaître pleinement l'impact des abus sexuels sur les victimes, selon le rapport d'un expert déposé à la cour.

La Couronne, représentée par Me Marie-Josée Guillemette, s'est dite satisfaite de la peine. La procureure de la Couronne avait réclamé 15 ans de pénitencier. L'avocat de Stone, Me Robert Lahaye, avait plutôt recommandé de quatre à six ans de prison.