Un jeune violeur, âgé de 15 ans seulement au moment de ses crimes, est considéré comme si dangereux qu'il ne doit pas rester seul en compagnie d'une femme.

L'adolescent ne devrait pas «être laissé seul avec des victimes potentielles», écrit le psychiatre Robert Quenneville du Centre de psychiatrie légale de Montréal dans un rapport dévoilé en cour, hier.

L'accusé, maintenant âgé de 16 ans, s'est reconnu coupable en avril dernier de trois agressions sexuelles commises dans le quartier Ahuntsic. Trois rapports d'expert ont été produits hier, au moment des observations sur la peine, en Chambre de la jeunesse de Montréal.

Tous ceux qui l'ont évalué concluent la même chose: l'accusé doit recevoir la peine maximale prévue par la loi, soit trois ans de garde en centre jeunesse. C'est donc ce que la Couronne, représentée par Me Marie-Claude Bourassa, a recommandé au juge Normand Bastien.

Sa première victime n'avait que 14 ans. Après avoir échangé avec lui sur Facebook, l'adolescente a accepté de le rencontrer dans un parc. C'était en juillet 2009. La jeune fille, qui n'avait même jamais embrassé un garçon, ne se doutait pas de ce qui allait arriver, a-t-elle dit plus tard à la police. L'accusé l'a convaincue d'entrer dans un immeuble, non loin du parc, où il l'a violée dans un coin sombre. Il lui a infligé des lésions, bien qu'elle l'ait supplié à plusieurs reprises de la lâcher.

«J'avais un besoin. Je devais le combler», a-t-il dit à une criminologue après son arrestation. Plus troublant encore, l'accusé garde toujours espoir de revoir cette adolescente malgré tout le mal qu'il lui a fait, a expliqué la déléguée jeunesse, Hélène Bois, hier, au magistrat.

Dix mois après cette première agression, il s'en est pris à deux pures étrangères en l'espace d'une heure. Le 20 avril 2009, il s'est caché dans la cage d'escalier d'un immeuble à logements pour attendre une proie. Il a agrippé sa victime, âgée de 34 ans, qui sortait faire des courses. Il a baissé son pantalon pour exhiber son sexe. La victime a réussi à se défaire de son étreinte et est sortie de l'immeuble en courant, si bien qu'elle a failli être happée par une voiture. Son agresseur l'a regardée prendre la fuite en se masturbant, selon la preuve.

L'adolescent a fui les lieux avant l'arrivée des policiers et s'est débarrassé en chemin de ses sous-vêtements et de son pantalon. Il s'est réfugié dans le parc Ahuntsic. À moitié nu, il s'est alors dirigé vers une mère de famille dans la vingtaine qui jouait avec son fils de 3 ans. Il lui a demandé l'heure pour ensuite l'agripper et la projeter au sol. Il s'est allongé sur elle, et l'enfant s'est mis à hurler si fort que des passants ont accouru. L'un d'eux a réussi à maîtriser le violeur jusqu'à l'arrivée de la police.

Les victimes sont traumatisées au point où la plus jeune ne veut plus rien savoir des garçons. Celle qui a été agressée dans son immeuble songe à déménager. La troisième victime et son fils ont eu besoin d'aide psychologique.

L'accusé entretient une relation malsaine avec sa mère, a-t-on aussi appris hier. Depuis qu'il est placé en centre jeunesse, il a besoin de sentir des lingettes imprégnées de son parfum pour s'endormir. La mère du garçon, qui assistait à l'audience, n'éprouve pas d'empathie pour les victimes de son fils.

L'accusé a des pulsions sexuelles irrépressibles, selon les experts. «Le traitement prendra du temps», a indiqué sa déléguée jeunesse. L'adolescent, défendu par Me René Binet, retourne en cour le 22 juillet pour la suite du processus.