Un cabinet d'avocats montréalais a demandé hier l'autorisation d'intenter un recours collectif contre le réseau social Facebook. Au coeur du litige : les modifications apportées à la protection des renseignements personnels l'hiver dernier, qui portent atteinte à la vie privée des utilisateurs.

«Avec les changements, toute une gamme de renseignements sont devenus ouverts au public sur l'internet. La façon de procéder a rendu la tâche très difficile à l'usager quant à savoir ce qui était privé, semi-privé ou ouvert à tous. Pouvoir changer son statut pour le rendre privé ou non privé était aussi très difficile à faire», explique Me Owen Falquero, l'avocat du requérant, Patrice St-Arnaud.

Ce n'est pas tout à fait une première au Canada puisque le cabinet pour lequel travaille Me Falquero, Merchant Law Group, a entamé des démarches similaires la semaine dernière au Manitoba. Mis au courant de cette action, M. St-Arnaud est entré en contact avec le bureau montréalais du cabinet pour intenter un recours similaire au Québec.

Si le tribunal accueille cette requête, un procès pourrait avoir lieu. Selon M. Falquero, beaucoup d'utilisateurs de Facebook au Québec pourraient se joindre à ce recours. Selon lui, 42% des Canadiens ont un compte sur le populaire site de réseautage.

Me Falquero admet que le bras de fer qu'il souhaite engager contre le géant américain peut rappeler celui de David contre Goliath. «C'est sûr, c'est le cas parfait pour un recours collectif contre Facebook. Cela équilibre au moins la balance et cela donne la chance aux consommateurs de changer certaines règles et de recevoir des compensations s'il y a lieu», croit Me Falquero.

Avec ces deux recours, l'avocat québécois espère pousser Facebook à sécuriser les informations personnelles de ses membres, comme leur orientation sexuelle et politique ou leurs goûts personnels, et simplifier leur protection. Me Falquero n'exclut pas non plus la possibilité d'indemniser les plaignants.

«Vous comprendrez qu'il est impossible de retrouver un renseignement une fois qu'il est sorti sur l'internet. C'est un peu comme quand le dentifrice est sorti du tube, on ne peut pas le remettre dedans», illustre-t-il.

Ce n'est pas la première fois que Facebook fait l'objet de critiques quant à la protection de la vie privée de ses utilisateurs. Selon Me Falquero, un recours collectif vise Facebook aux États-Unis. En Allemagne, Facebook est accusé d'avoir conservé des données sur des personnes qui n'en sont même pas membres.