Il n'y a pas de guerre entre les clans calabrais et siciliens de la mafia montréalaise, selon un officier du Service de police de la Ville de Montréal.

«J'ai lu dans les journaux qu'il y avait une guerre. Une guerre entre qui et qui? Pour l'instant, il y a des victimes seulement chez les Siciliens. Aucun Calabrais n'a été visé. Dans une guerre, il y a des victimes des deux côtés. Il n'y a pas de guerre.» C'est ce qu'a dit mercredi d'un ton catégorique le chef du Service des enquêtes spécialisées de la police de Montréal, Jacques Robinette, durant la période de questions qui a suivi la présentation de son bilan semestriel sur le phénomène des gangs de rue.Le meurtre de l'un des pontes du clan Rizzuto, Agostino Cuntrera, la semaine dernière, constitue la plus récente de la série d'attaques dont le clan sicilien est l'objet depuis plusieurs mois. Ce clan domine la pègre canadienne depuis qu'il a renversé la faction calabraise, il y a plus de 30 ans. Cuntrera, 66 ans, a été abattu en plein jour dans un quartier industriel de Saint-Léonard.

Il y a près d'un an, un ami de Vito Rizzuto, Federico Del Peschio, a été tué par balle dans le stationnement de son restaurant, La Cantina. En décembre dernier, le petit-fils du patriarche Nicolo Rizzuto et fils de Vito, Nicolo Rizzuto, a été assassiné. Puis en mai, Paolo Renda, 70 ans, beau-frère de Vito et consigliere du clan, a apparemment été enlevé.

Le SPVM n'écarte aucune piste. «Il y a plusieurs hypothèses. On les étudie toutes. Est-ce les motard? Les Siciliens? Les Calabrais? Les gangs de rue? Tous ceux qui ont de l'information peuvent nous contacter», a souligné M. Robinette.

Gangs de rue

Le suspect qui a tiré sur Nicolo Rizzuto fils est noir. «Avez-vous déjà vu un Noir dans la mafia? a demandé M. Robinette aux journalistes. C'est probablement un gang de rue qui a fait le sale boulot pour quelqu'un d'autre.» Bien que des gangs de rue puissent collaborer à l'occasion avec d'autres organisations criminelles, le chef du Service des enquêtes spécialisées ne croit pas qu'il existe à l'heure actuelle de véritables alliances.

Dix-huit cafés italiens de Montréal ont été la cible d'attaques au cocktail Molotov entre les mois de septembre et janvier derniers. Cette vague d'attentats serait l'oeuvre de gangs de rue qui veulent étendre leur territoire de trafic de drogue, selon le SPVM. Cinq de ces 18 crimes ont été résolus. «Les gangs veulent placer leurs vendeurs dans des cafés qui sont situés dans un secteur de vente de drogue. Ils se foutent bien que ces cafés appartiennent à des Siciliens ou à des Calabrais», a expliqué le commandant Robinette.

Des analystes de la scène criminelle ont perçu l'attentat raté contre l'ancien chef des 67, Ducarme Joseph, comme une riposte à l'assassinat de Nick Rizzuto. Or, la fusillade qui a eu lieu au commerce de Joseph dans le Vieux-Montréal ne serait pas l'oeuvre de la mafia italienne, selon le SPVM, qui n'a toujours pas de suspect dans cette affaire. «Les informations que nous possédons nous permettent de croire que c'est plus lié aux gangs de rue qu'au crime organisé italien. C'est une hypothèse, pour l'instant. On verra si l'avenir nous donnera raison», a dit M. Robinette.