En conduisant sa voiture alors que son ami était assis sur la portière, la nuit du 12 juin 2008, Pascal Amin Di Palma s'est livré à un jeu puéril, mais il n'a pas commis de crime.

C'est, en résumé, ce que le juge Claude Millette a dit, hier, en acquittant le jeune homme de 21 ans des accusations de négligence criminelle et de conduite dangereuse ayant causé des blessures à son meilleur ami.

 

La victime, Stephen Masciotra, a chuté de la voiture en marche et a subi un traumatisme crânien qui l'a plongé dans le coma pendant plus d'un mois. Il en a gardé de graves séquelles physiques et psychologiques. Le juge Millette doute que Masciotra, qui avait 18 ans au moment de l'accident, soit tombé. Le magistrat pense qu'il a plutôt sauté, comme Di Palma et son autre passager, David Bernoni, l'ont cru quand ils ont réalisé que Masciotra n'était plus sur la portière.

Ni un code moral, ni un code de vie

«La Cour n'est pas là pour juger le mode de vie des gens. Le Code criminel n'est ni un code moral ni un code de vie. À partir du moment où les gens ont le droit de se livrer à des blagues et de s'amuser de la façon dont ils l'entendent, il s'agit simplement de décider si la façon dont ils se sont comportés en s'amusant contrevient aux prescriptions du Code criminel et constitue un crime», a commenté le juge en rendant sa décision. Le magistrat a retenu que la voiture avait roulé lentement sur une courte distance, soit une quinzaine de mètres, qu'il n'y avait pas eu de mouvement brusque, qu'il n'y avait pas de circulation à cet endroit et qu'il n'y avait pas eu de consommation d'alcool ou de drogue.

Les incidents sont survenus vers 3h dans la nuit 12 juin 2008. Les trois jeunes avaient passé les heures précédentes dans un café-bar à jouer au baby-foot. Ils discutaient dans la voiture de Di Palma, dans le stationnement de TELUS, situé dans le quartier Saint-Michel. Comme la portière ne s'ouvrait pas en raison d'un accident survenu quelques semaines plus tôt, Masciotra entrait dans la voiture et en sortait par la fenêtre. À un certain moment, il s'est assis dans la fenêtre, jambes et tête à l'extérieur, le cou appuyé sur le haut de la portière, mais le reste du corps à l'intérieur. Di Palma s'est mis à rouler lentement en décrivant des cercles dans le stationnement, puis il s'est engagé dans la rue. Une quinzaine de mètres plus loin, il a réalisé que Masciotra n'était plus sur la portière. Il gisait dans la rue, la tête ensanglantée et le bras droit cassé.

La vie de Masciotra a basculé dès ce moment. Entre autres séquelles, il est resté partiellement paralysé et a perdu de l'acuité mentale, visuelle et auditive.

Dans cette affaire, Stephen Masciotra soutenait que Di Palma lui avait agrippé les mains et l'avait traîné sans son consentement. «Ce n'est pas faire injure à M. Masciotra de ne pas retenir sa version, étant donné l'importance du traumatisme crânien qu'il a subi. C'est un incident regrettable qui a entraîné des conséquences épouvantables pour la victime», a noté le juge. C'est Me Pierre Garon qui occupait pour la Couronne, tandis que l'accusé était défendu par Me Jean Chalifoux.