Aux yeux de sa douzaine de jeunes victimes et de leurs parents, l'entraîneur de soccer d'élite Thierry Massimo était «un dieu». Lorsque le premier adolescent a brisé le silence, les parents se sont sentis honteux et trahis. Leur dieu s'est avéré être un agresseur sexuel.

La mère de l'une des jeunes victimes, aussi gérante de l'équipe de soccer, a rendu un témoignage poignant, lundi, au palais de justice de Longueuil, au moment des plaidoiries sur la peine à infliger à l'homme de 42 ans. «Je lui ai remis nos enfants sur un plateau d'argent. Comme j'ai été dupe!»Dans le box des accusés, Thierry Massimo sanglotait, les yeux rivés au sol. Cet entraîneur de soccer très connu sur la Rive-Sud a plaidé coupable à 25 chefs d'accusation pour des délits de nature sexuelle ainsi qu'à une accusation de non-respect de conditions. Les victimes sont des garçons âgés de 12 à 16 ans. Les crimes de leurre informatique et d'attouchements sexuels ont été commis entre 2001 et 2009.

«J'avais convaincu les autres parents qu'il était un bon entraîneur. J'organisais même les activités d'équipe où je laissais M. Massimo avec les jeunes, toujours en ayant confiance en lui. J'ai l'impression que tout a basculé. Je n'ai plus de point de repère. Je ne peux pas me fier à mon instinct maternel. Je n'ai jamais rien vu», a poursuivi cette mère, dont nous taisons le nom pour protéger l'identité de son fils.

Une croissance normale ?

Ce dernier, aujourd'hui âgé de 14 ans, est le premier à avoir brisé le silence. «Il porte cela comme un fardeau. Il est convaincu que Thierry Massimo lui en veut», a-t-elle dit au juge Marc Bisson. L'adolescent souhaite une seule chose: être assez grand et fort lorsque son agresseur sortira de prison pour pouvoir se défendre, a décrit la mère, des sanglots dans la voix. «Jamais je ne vais lui pardonner», a-t-elle ajouté.

Le père d'une autre victime est aussi très en colère de s'être fait «berner» par l'accusé. Il l'a décrit à son tour comme un «grand manipulateur». «Lorsque les accusations ont été confirmées, c'est la colère, la honte, la culpabilité, l'impression d'être de mauvais parents, de ne pas avoir su protéger notre fils, qui nous ont envahis», a dit l'ingénieur, père de trois enfants.

Son fils refuse toute aide psychologique. «Il n'y a pas une journée où on n'y pense pas. On observe notre fils: son comportement, ses réflexions, ses commentaires - même anodins - toujours en se posant des questions. Est-ce normal pour son âge? Est-ce qu'il souffre intérieurement de cette situation?» a expliqué le père au magistrat.

Massimo va s'excuser

L'entraîneur compte présenter ses excuses à ses victimes. «Il est malade. Il fait des démarches pour pouvoir guérir», a indiqué son avocat, Me Marco Labrie. L'accusé avait été mis en liberté après son arrestation en juillet dernier. Or, il a été renvoyé derrière les barreaux après avoir contrevenu à l'une des conditions de sa mise en liberté en assistant à un match de soccer en présence de mineurs.

Thierry Massimo a été sélectionneur des équipes d'élite de l'Association régionale de soccer de la Rive-Sud pendant près de 10 ans et s'occupait de l'entraînement des gardiens de but.

Les parties ne s'entendent pas sur la peine à suggérer. La Couronne recommandera de cinq à huit ans de prison. La défense suggérera une peine moindre, d'«au moins deux ans d'emprisonnement ferme». L'accusé sera de retour en cour le 18 juin.