N'ayant manifestement pas apprécié le type d'hébergement offert à la prison de Bordeaux, un Montréalais de 49 ans réclame 236 000$ pour les deux mois de trop qu'il y a passés en raison d'une erreur d'écriture lors de sa condamnation.

Le 27 août 2008, Norman Anthony Gero s'est reconnu coupable en cour municipale d'avoir volé de la nourriture pour un total de 146,90$ dans un Maxi de la rue Jean-Talon. Le juge Florent Bisson l'a condamné à trois jours de prison. Mais voilà, lors de la transcription sur le mandat d'incarcération, un document signé par le juge, le mot «mois» a été malencontreusement substitué au mot «jours», si bien que, aux yeux des autorités de la prison, M. Gero devait purger une peine de trois mois.

 

Le principal intéressé, qui a passé certaines périodes sans domicile fixe dans les dernières années, ne se serait rendu compte de rien sur le moment. Mais au bout de quelques jours, il s'est étonné qu'on ne le libère pas. Il a commencé à poser des questions, qui sont restées sans réponse, selon l'avocat Peter Georges-Louis, qui représente M. Gero dans cette affaire.

Incarcéré le 28 août, M. Gero a été libéré le 27 octobre. Il a parlé de sa mésaventure à une avocate, qui a trouvé l'erreur. Le plaignant a intenté une poursuite contre la Ville de Montréal et le Procureur général du Québec pour détention illégale et réclame 4000$ par jour de prison en trop.

Cette poursuite, intentée en 2009, a cheminé un certain temps en Cour supérieure avant d'être rejetée pour une question de délai non respecté. Me Georges-Louis se reprend cette année. Le Procureur général et la Ville avaient demandé le rejet de la requête dès le départ pour diverses raisons. On invoquait notamment l'indépendance judiciaire des juges et leur immunité en cas d'erreur commise de bonne foi dans l'exercice de leurs fonctions. Leur requête avait été rejetée.

Depuis cette mésaventure, M. Gero est retourné en prison pour une autre affaire. Il a écopé de 15 jours et on ne lui a pas crédité ses jours accumulés.