L'homme d'affaires Gioacchino Arduini veut relancer l'agence de sécurité BCIA, au bord de la faillite. Il dit avoir l'appui des quatre fonds gouvernementaux FIER, qui ont déjà englouti des millions dans cette affaire.

Lundi, le tribunal a accepté les conditions de financement temporaire proposées par l'entreprise de M. Arduini, Gestion Gamarco. Essentiellement, Gamarco avancera jusqu'à 800 000$ dans les prochains jours pour permettre à l'entreprise de poursuivre ses activités. Ces fonds permettront notamment de payer les employés de BCIA.

 

Ce financement est temporaire mais, au terme du processus judiciaire, M. Arduini a l'intention de prendre possession de l'entreprise de 1003 employés. «Je suis un peu l'homme-clé, mais j'ai d'autres associés», a dit M. Arduini à La Presse.

Parmi ses partenaires, l'entrepreneur parle des investisseurs membres des quatre Fonds d'intervention économique régionaux (FIER) qui ont investi dans BCIA.

«Avec ces gens, on a des ententes écrites qui indiquent que, dans le cas où je sauve la compagnie, ils vont rester avec moi. Et ils vont avoir leur participation quelque part... Ces gens-là, ils sont un peu maganés, mais ils veulent continuer», dit M. Arduini.

Les FIER ont injecté 4 millions de dollars dans BCIA sous forme de prêts ou de capital-actions. Ces FIER sont financés à 66% par le gouvernement du Québec; le reste provient d'investisseurs privés. Tout indique que ce sont ces investisseurs privés qui pourraient participer à la relance.

Gioacchino Arduini est très actif dans le financement immobilier. Il a longtemps été propriétaire de la société Construction Gamarco, maintenant dirigée par ses enfants.

L'agence BCIA et sa filiale ontarienne, North American Security Services, doivent 21 millions de dollars à près 150 créanciers, dont les plus importants sont le Mouvement Desjardins et les FIER.

Lundi, en cour, les créanciers ont accepté que Gamarco soit remboursée en priorité au cas où la relance de BCIA tomberait à plat. Seules les dettes à Revenu Canada (1 million) et les sommes dues aux employés (environ 2 millions) restent prioritaires, explique le syndic Stéphane Lachance, de Demers Beaulne.

Cette cession de priorité signifie que Desjardins perd son rang de principal créancier garanti (environ 3,8 millions). Toutefois, selon M. Lachance, Desjardins risque de perdre seulement 800 000$ dans la relance puisque, en cas de faillite, Revenu Canada et les employés seraient les premiers remboursés de toute façon.

Selon une proposition qui circulait vendredi, les autres créanciers se verraient rembourser 5% de leurs créances avec la relance.

Gioacchino Arduini affirme que le PDG actuel de BCIA, Luigi Coretti, ne sera probablement «plus dans le portrait» avec la relance. «S'il y est, il ne sera plus administrateur, a-t-il dit. L'entreprise est très bonne, mais disons que l'administration a laissé à désirer. À un certain moment, ils ont dépensé plus qu'ils ne devaient.»

Selon Stéphane Lachance, les clients de l'agence de sécurité continuent d'être bien servis en dépit du recours à la Loi sur la faillite. Selon nos sources, BCIA a eu ou a encore comme clients les entreprises Broccolini Construction, J.E. Verreault, Simard-Beaudry, Costco et Garnier Construction, notamment.

Ce n'est pas la première fois que M. Arduini a des relations d'affaires avec Luigi Coretti. En décembre dernier, son entreprise Lavalgam a prêté 300 000$ à la société 6750915 Canada, propriété de Luigi Coretti. Ce prêt était garanti par une hypothèque de troisième rang sur l'immeuble abritant le siège social de BCIA, rue Louvain, à Montréal.

Par ailleurs, les conditions précises de l'avance de 800 000$ ont volontairement été gardées secrètes dans les documents du tribunal. Dans la proposition de Gamarco qui a été rejetée la semaine dernière, il était question d'un financement à 2,5% d'intérêt par mois, soit l'équivalent de 35% par année.

La filiale Transport de valeurs Centurion ne fait pas partie des entreprises qui ont été placées sous la protection de la Loi sur la faillite. Les employés prévoyaient manifester ce matin au siège social de BCIA.