Quelle peine imposer au dénonciateur d'un meurtre cruel, qui est en même temps l'instigateur de l'enlèvement qui a abouti à ce meurtre? C'est ce que le juge Jean-Pierre Bonin doit décider dans le cas de Mathieu Lalonde-Fortin.

L'homme de 20 ans au visage juvénile (il avait tout juste 18 ans quand le drame s'est produit), s'est avoué coupable d'avoir, avec trois autres jeunes, involontairement causé la mort de Simon Lortie. Attiré dans un traquenard le soir du 2 décembre 2008, Lortie, 20 ans, avait été enlevé, ligoté, battu à coups de batte de baseball, de coups de pied, de genou et de poing, tailladé au thorax, arrosé d'essence, puis abandonné dans un champ enneigé de Cap-Saint-Jacques. Son cadavre ensanglanté avait été trouvé le lendemain matin. Quelques semaines plus tard, Mathieu Lalonde-Fortin s'était livré à la police, disant ne pas pouvoir vivre avec cela sur la conscience. Du coup, il dénonçait aussi ses trois complices: Alex Carlo Mancuso, Alfonzo Stewart, et Thuvaragan Ganesathesan. Me Robert Bellefeuille, l'avocat de la défense, croit que le juge devrait soustraire trois ans de la peine de l'accusé.

 

Le plus humain?

Certes, c'est Lalonde-Fortin qui a planifié l'enlèvement, mais le but était de voler la drogue et l'argent de la victime, pas de la tuer. Le jeune homme admet avoir donné un coup de batte de baseball à la tête de la victime, mais des quatre, c'est lui qui a montré le plus d'humanité par la suite, selon l'avocat. Il a empêché que le feu soit mis au jeune Lortie et, après avoir abandonné le corps dans le champ, il a insisté pour qu'on appelle le 9-1-1 afin de lui porter secours.

Me Bellefeuille a par ailleurs fait ressortir que des quatre agresseurs, son client est le seul qui s'est livré, et cela «à froid», sans aucune négociation préalable pour lui-même. S'il y avait eu procès, il aurait témoigné contre ses complices.

En ce qui concerne le mobile du crime, il semble que les quatre agresseurs en voulaient au jeune Lortie, parce qu'il vendait de la drogue dans ce qu'ils considéraient comme leur territoire. Malgré les coups, Lortie n'a pu révéler où se trouvait sa drogue, car celle-ci était tombée par terre dans le parc au moment de son enlèvement, sans que personne ne s'en rende compte.

Le juge Bonin rendra sa décision le 6 mai.