Après avoir asséné plusieurs coups de marteau et de bouteille à un revendeur venu lui livrer de la cocaïne dans son logement de Verdun, Johanne Bariteau était trop «confuse» pour appeler la police.

La femme de 41 ans s'est plutôt réfugiée dans sa chambre, laissant la victime gisant inerte sur le plancher de la salle à manger. Elle ne se souvient plus combien de temps elle est restée assise sur son lit, un couteau à la main, pour se défendre au cas où un partenaire du livreur fasse irruption chez-elle à la recherche de ce dernier. «J'ai plus peur des vendeurs de drogue que de la police», a témoigné la femme accusée du meurtre non prémédité de son revendeur, Nicola Terranova, aujourd'hui au palais de justice de Montréal.

Ce n'est qu'environ dix heures plus tard qu'elle appellera les secours. L'accusée a admis aujourd'hui avoir frappé l'homme de 36 ans à plusieurs reprises. Elle a toutefois plaidé la légitime défense.

Dans la nuit du 27 au 28 décembre 2007, l'ancienne agente d'immeubles qui vivait seule dans un logement de la 1re avenue a appelé le revendeur pour se faire livrer de la cocaïne à domicile. C'était la troisième fois durant la soirée qu'elle se faisait livrer de la drogue, chaque fois d'un revendeur différent.

Après avoir réalisé la transaction, le revendeur lui a demandé un verre d'eau. C'est en lui tournant le dos pour accéder à sa demande qu'elle a reçu un coup qui l'a faite tomber à plat ventre sur le plancher, selon son témoignage. Nicola Terranova aurait alors essayé de l'agresser sexuellement. L'accusée a réussi à se défaire de son emprise. L'altercation s'est poursuivie.

Johanne Bariteau a réussi à agripper une bouteille dans son mini-bar pour se défendre, toujours selon sa version des faits. Comme les coups de bouteille à la tête ne semblaient pas affaiblir son adversaire, l'accusée s'est emparé ensuite d'un marteau pour lui en asséner d'autres. La preuve de la poursuite révèle que la victime a reçu «au moins» 19 coups à la tête.

L'accusée mettra ensuite le corps inerte de Terranova dans le bain. Alors que ses voisins alertés par les bruits provenant de son appartement jurent avoir sonné et cogné à sa porte, Mme Bariteau a témoigné n'avoir rien entendu.

Si elle a demandé à sa voisine le lendemain de lui emprunter de l'eau de Javel, ce n'est pas pour faire disparaître des preuves. C'était pour laver ses mains pleines de sang. En se rappelant les épisodes de CSI où l'on voit la police scientifique américaine à l'oeuvre, elle a même changé d'idée, a-t-elle insisté. Elle n'a pas utilisé d'eau de Javel pour ne pas effacer les traces de l'agression «sous ses ongles» et sur ses mains, a-t-elle ajouté.

L'accusée a suivi une thérapie et n'a plus consommé depuis. En liberté durant le processus judiciaire, elle donne des conférences auprès des jeunes sur les dangers liés à la consommation de drogues. Son procès devant jury se poursuit la semaine prochaine.