Les parents d'Alexandre Ashby, un jeune homme victime d'une sordide agression à sa sortie d'un bar de Lachine, sont scandalisés par la peine qu'a reçue l'agresseur de leur fils ce midi au palais de justice de Montréal.

Frustré de se faire refuser l'accès au bar le Bistro sur la rue Notre-Dame, Yves Brisson, fortement intoxiqué, a donné un coup de poing au visage du jeune homme de 20 ans qui sortait de l'établissement au même moment le 29 juin 2008. La victime n'avait aucun lien avec l'accusé.

La tête de Ashby a alors durement heurté le trottoir. Le jeune homme a été hospitalisé pendant un mois. Il a subi de multiples traumatismes crâniens et conserve de graves séquelles de l'agression.

La juge Céline Lamontagne a imposé à l'accusé de 40 ans une peine de 90 jours de prison à purger les fins de semaine, en plus de 240 heures de travaux communautaires.

«On est déçus. Dans le même palais de justice le mois passé, le juge Rosaire Desbiens a condamné un jeune de 19 ans à 60 jours de prison parce qu'il avait volé une bouteille de bière à 3,37$», a commenté le père de la victime, Yvon Ashby à sa sortie de la salle de cour.

M. Ashby et sa femme ont alors brandi une photo prise de leur fils sur son lit d'hôpital, sous respirateur, intubé à plusieurs endroits. «Est-ce qu'il y a un concours entre avocats pour obtenir la sentence la plus ridicule? Ça n'a pas de sens 90 jours versus 60 jours pour une bouteille de bière», a renchéri le père.

La peine maximale prévue au Code criminel pour des voies de fait graves est de 14 ans d'emprisonnement.

La juge Lamontagne a tenu compte de plusieurs facteurs atténuants avant de lui imposer cette sentence clémente. Yves Brisson a plaidé coupable. S'il y avait eu procès, comme la victime est amnésique et que les témoins de l'agression se sont volatilisés, la Couronne n'aurait pas été en mesure de faire la preuve de la culpabilité de l'accusé hors de tout doute raisonnable, a indiqué la juge Lamontagne.

Yves Brisson a réglé son problème d'alcool en suivant une thérapie. Il occupe un emploi stable de directeur adjoint chez un concessionnaire d'automobiles de Châteauguay. Il représente un risque de récidive faible. Il n'a pas d'antécédents judiciaires «significatifs», selon la juge.

Accompagné de ses parents, Alexandre Ashby était hors de lui ce midi. «Je ne serai plus jamais la même personne. Ma vie a changé. J'ai l'air normal physiquement. Mais psychologiquement, je ne suis plus la même personne», a dit le jeune homme frêle dont c'est le 22e anniversaire aujourd'hui. Il souffre aujourd'hui d'insécurité et est incapable de travailler à temps plein.

L'accusé a également été condamné à payer 3000 $ à la victime. «Son argent ne paiera même pas le psychologue dont je vais avoir besoin», a dit le jeune homme en colère.