La police de Montréal a rapidement circonscrit la manifestation contre la brutalité policière, lundi. Échaudées par les débordements de l'an dernier, les autorités étaient prêtes à toute éventualité.

Selon nos sources, quelque 400 policiers ont été déployés, un effectif comparable à celui des années antérieures. Ils avaient toutefois reçu la directive d'intervenir plus rapidement en cas de grabuge pour éviter que la situation ne dégénère.La stratégie semble avoir porté ses fruits. À 19h30, soit deux heures après le début de la marche, les manifestants étaient dispersés et la police considérait avoir la situation en main.

«Compte tenu de ce qui s'était passé en 2009, le bilan est quand même positif cette année, tant au niveau des arrestations que des dommages», a indiqué le sergent Ian Lafrenière, responsable du module des relations médias du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Les policiers ont procédé cette année à deux fois moins d'arrestations que l'an dernier. En fin de soirée, 100 manifestants avaient été appréhendés, contre 221 en mars 2009.

Parmi eux, 17 feront face à des accusations de nature criminelle pour voies de fait, méfaits, agressions armées sur un policier et voies de fait sur un agent de la paix.

Rappelons que l'an dernier, la manifestation s'était déroulée dans une atmosphère tendue en raison de la mort de Fredy Villanueva, ce jeune homme abattu par un policier en août 2008 dans un parc de Montréal-Nord. Des manifestants avaient vandalisé des voitures et des vitrines de commerce au centre-ville et près du métro Mont-Royal.

Point de rendez-vous: l'Est

Pour cette 14e marche, le Collectif opposé à la brutalité policière avait donné rendez-vous aux participants devant la station de métro Pie-IX, à côté du Stade olympique.

«On a choisi l'est de la ville parce qu'on voulait dénoncer la répression policière contre les pauvres, notamment les prostituées», a expliqué l'un des organisateurs, François Du Canal.

À 17h, les policiers étaient postés un peu partout autour de la station, et même sur le toit d'un des édicules. Un hélicoptère du SPVM survolait la scène et l'escouade antiémeute était prête à intervenir quelques coins de rue plus loin.

Pour mieux contrôler la foule, les autorités ont ordonné la fermeture de la station de métro Pie-IX. Rappelons que l'an dernier, les manifestants avaient pris la police au dépourvu en s'engouffrant dans le réseau souterrain.

Avant le départ, les organisateurs ont lancé un ultime appel au calme. «Hochelaga-Maisonneuve est déjà un quartier magané, on devrait y penser à deux fois avant de tout péter», a dit un porte-parole aux manifestants, dont plusieurs portaient déjà une cagoule.

Le cortège a commencé sa marche en empruntant la rue Pie-IX en direction sud. Plusieurs personnes brandissaient des pancartes, dont certaines à l'effigie de Fredy Villanueva.

En chemin, quelques jeunes ont ramassé des briques et des roches sur un terrain privé. Rue Ontario, les premiers projectiles ont été lancés aux forces de l'ordre, qui se faisaient jusque-là plutôt discrètes.

Quelques manifestants ont allumé des feux d'artifice sous le regard des résidants qui observaient le spectacle de leur balcon.

La situation dégénère

La situation a commencé à dégénérer vers 18h15 à l'angle des rues Hochelaga et Préfontaine. Bombardés de projectiles de toute sorte, l'escouade antiémeute a décidé de charger.

Les policiers ont pris en souricière plusieurs manifestants devant le parc Raymond-Préfontaine. La plupart des manifestants ont déguerpi dans les ruelles lorsque les policiers ont lancé l'assaut.

Pendant ce temps, des manifestants ont reconnu une demi-douzaine d'agents doubles parmi eux. Encerclés et rudoyés, les policiers ont finalement sorti leur matraque pour repousser leurs assaillants.

Vers 18h45, des manifestants ont mis une remorque en feu au milieu de la rue Saint-Germain, non loin de Sherbrooke. Une résidante du quartier encourageait les jeunes vandales tout en gardant un oeil sur les deux voitures garées dans son stationnement.

En chemin, des jeunes ont jeté des bacs de recyclage dans la rue Rachel et lancé des pierres sur des autobus de la Ville. Vers 19h, les policiers ont dispersé le dernier noyau de manifestants près du métro Pie-IX.

«Chaque année, nous sommes de plus en plus contrôlés par les policiers, a déploré Antoine Bouchard, un étudiant de 23 ans. S'il n'y avait pas autant de policiers, il n'y aurait pas autant d'agressivité.»