Spécialiste du blanchiment d'argent au sein des Hells Angels, Guy Rodrigue fait maintenant partie de la liste des dix fugitifs les plus recherchés du Québec. Comme c'est le cas pour ses frères Yvon et Pierre Rodrigue, détenus depuis un an, la police veut l'inculper en marge de l'opération SharQc.

Âgé de 52 ans, Rodrigue est un pionnier du chapitre de Sherbrooke, mis sur pied en décembre 1984, et il en déjà été le président. Pour des raisons que l'on ignore, il est le seul à porter une veste jaune, au lieu du traditionnel dossard noir ou rouge des défunts Nomads. Bien qu'il soit fiché depuis longtemps, il n'a été condamné qu'une seule fois, en 1987, pour son rôle dans les meurtres de cinq membres du chapitre North (Laval). La tuerie s'était déroulée au repaire des Hells, à Lennoxville. Rodrigue avait écopé de 4 ans de pénitencier. Son aîné, Yvon, qui porte également les couleurs des Hells, s'en était tiré avec une peine de deux ans.Discret, mais d'une grande assurance et parfois provocateur, Guy Rodrigue est surnommé «Malin». Il s'occupe surtout de financer les «grands trafics de drogue» au sein des Hells Angels et d'en «canaliser» les profits dans l'économie légitime, indiquent les rapports de police. Dans les années 90, son nom est sorti dans des enquêtes sur le prêt usuraire et surtout la fraude fiscale à grande échelle (TPS et TVQ) dans l'automobile, domaine dans lequel Rodrigue a notamment divers commerces qui lui servent de façade, à Sherbrooke.

Depuis le 15 avril 2009, Rodrigue fait l'objet d'un mandat d'arrêt pour gangstérisme, meurtre et complot, de même que pour trafic et complot de trafic de drogue. De 1994 à 2002, indique-t-on dans un communiqué du gouvernement du Québec émis hier, il aurait été partie à 22 complots de meurtres, «et il en aurait personnellement commandé plusieurs» dans le but d'accroître les parts de marché des Hells Angels dans le trafic de drogue.

Si la police parvient à lui mettre la main au collet, Rodrigue rejoindra en prison ses frères Yvon, 53 ans, et Pierre, 48 ans, en attente de leur procès dans l'opération SharQc. Ceux-ci font également partie des Hells Angels de Sherbrooke. Lundi dernier, un autre des frères Rodrigue, Luc, 50 ans, a pour sa part comparu en Cour du Québec, à Sherbrooke, pour le recel avoué de 330000$ provenant de la vente de cocaïne, en mars 2005. Décrit comme une «relation» du puissant gang de motards estrien, Rodrigue allait payer un fournisseur quand il a été vu par des agents de filature de l'Escouade régionale mixte (ERM) de Montréal. Il recevra sa sentence le 24 mars. La Couronne réclame 15 mois de prison, tandis que la défense demande une peine avec sursis.

En inscrivant Guy Rodrigue sur la «liste noire» de son site internet, la Sureté du Québec espère lui rendre la vie encore plus difficile en cavale. Elle montre également son importance au sein des Hells Angels. Il prend la place de Martin Robert, du chapitre de Montréal, arrêté le 16 janvier dernier au Mexique. Outre Rodrigue, 19 autres membres et relations des Hells Angels échappent toujours aux enquêteurs du projet SharQc.

Le Hells Angels David Carrol est aussi activement recherché, mais dans son cas depuis l'opération Printemps 2001. Cette autre grande enquête de gangstérisme menée il y a neuf ans a permis de rayer de la carte le club élite des Nomads et son subordonné des Rockers.

Photo fournie par la Sûreté du Québec

Guy Rodrigue