Dans la foulée de la vague de violence qui a déferlé sur l'Ouest-de-l'Île l'été dernier, la police a procédé à un deuxième ratissage, hier, et arrêté neuf personnes associées à un gang qui cherchait à s'emparer du marché de la drogue dans ce secteur habituellement calme de Montréal.

Des neuf suspects nommés dans la dénonciation déposée au greffe de la cour, quatre étaient déjà derrière les barreaux. Parmi eux, Jonathan Klor, 24 ans, considéré comme le chef de la bande des Diplomates, est détenu depuis le 21 août pour possession d'armes. Il fait maintenant face à une série d'accusations liées à une séquestration et à trois tentatives de meurtre.

 

Fait rare dans les annales des gangs de rue, Klor et ses acolytes ont été trahis par un des leurs. Arrêté lui aussi à la mi-août, le jeune homme de 24 ans s'est mis à table il y a quelques mois seulement. Hier, lors d'une comparution éclair, sous forte escorte il va sans dire, il a reconnu sa participation à un éventail de crimes commis par le gang. À la suggestion du ministère public, il a été condamné à huit ans de pénitencier par le juge Robert Marchi, de la Cour du Québec.

Avant de se prononcer, le juge Marchi a tenu à examiner l'entente intervenue entre le délateur, le ministère de la Justice et la police de Montréal. En plus d'assurer sa sécurité et celle de ses proches, la police s'est engagée à lui remettre une allocation de 50$ par mois pour la cantine pendant toute la durée de son incarcération. Une fois en liberté, il ira vivre dans un endroit tenu secret et touchera 450$ par semaine pendant deux ans. Il s'est aussi vu promettre 2500$ s'il reprend les études.

Fusillades et attentats

Les enquêteurs de l'Ouest-de-l'Île se sont lancés aux trousses de Klor et des Diplomates à cause de leur implication dans une guerre sans merci contre un gang rival, les Street Gangsters. Les deux bandes se disputaient le marché de la drogue dans les arrondissements de Pierrefonds et Dollard-des-Ormeaux, entre autres. Au plus fort du conflit, aux mois de juin, juillet et août, une douzaine de fusillades et d'attentats ont fait au moins trois blessés. De petits commandos lourdement armés se sont même attaqués à des membres de la famille de l'un ou de l'autre clan, en tirant des coups de feu dans leurs maisons.

«Heureusement, il n'y a pas eu de mort. N'empêche, cette violence aussi extrême qu'imprévisible commençait à inquiéter sérieusement la population locale. L'enquête n'a pas été facile, car on n'avait aucune coopération ni des victimes, ni des familles», a souligné le commandant Anthony Iannantuoni, du Centre opérationnel ouest (CO-Ouest).

La première phase de l'opération Ondée, au mois d'août, avait permis d'écrouer Klor et 17 autres personnes. Une dizaine d'armes, dont des mitraillettes, ont été saisies, ainsi que des chargeurs et plus de 400 balles de divers calibres. Les policiers ont aussi confisqué des gilets pare-balles, de la drogue et 100 000$ en espèces.

«Il n'y a plus eu d'actes de violence depuis, mais les enquêtes se poursuivent», a conclu le commandant Iannantuoni, qui a louangé le travail des policiers et des procureurs qui ont participé à l'enquête. Onze des dix-huit prévenus arrêtés lors de la razzia initiale sont sous les verrous. L'enquête préliminaire doit commencer demain au palais de justice de Montréal.