Arborant chacun un chapelet ou une croix au cou, trois hommes dans la jeune vingtaine, Alex Carlo Mancuso, Alfonzo Stewart et Thuvaragan Ganesathesan, se sont avoués coupables de l'homicide involontaire de Simon Lortie, hier, au palais de justice de Montréal.

Lortie, 20 ans, qui pesait environ 45 kg, a été enlevé, ligoté, battu à mort et abandonné dans un champ enneigé de Pierrefonds, le 3 décembre 2008. Le malheureux était tombé dans un traquenard que lui avaient tendu les trois accusés avec un autre complice, Mathieu Lalonde-Fortin. Celui-ci est accusé dans un dossier à part, car il aurait été témoin à charge s'il y avait eu procès. Bien qu'il ait participé aux terribles événements, c'est lui qui était allé voir la police, en décembre 2008, pour tout raconter. Les accusés ont tous été arrêtés quelques semaines plus tard. Au départ, ils faisaient face à une accusation de meurtre. La Couronne a consenti à réduire l'accusation à la lumière de certains faits et parce qu'ils ont plaidé coupables.

 

Le mobile du crime tient au fait que Lortie vendait de la drogue sur un territoire que les accusés considéraient comme le leur. Ils ont décidé de lui tendre un piège pour lui voler son argent et sa drogue. Le soir du 2 décembre 2008, à la demande d'un jeune client qui voulait prétendument lui acheter de la drogue, Lortie s'est rendu à l'angle des rues Pierrefonds et Château-Pierrefonds. Au lieu du client, Lortie a plutôt vu surgir les accusés, masqués et armés. Ils lui ont lié les mains et les pieds et l'ont mis dans le coffre de sa voiture.

Batte de baseball et essence

Lortie a été amené dans un champ à Cap-Saint-Jacques, près du 20 452, boulevard Gouin Ouest, à Pierrefonds. Là, les accusés l'ont sorti de la voiture et battu à coups de batte de baseball, de crosse de revolver, de poing et de pied. Un des accusés lui a aussi fait huit marques superficielles sur le thorax avec un couteau. Quelqu'un l'aurait aussi arrosé d'essence mais aurait renoncé à l'enflammer. Les quatre hommes sont ensuite partis dans la voiture de Lalonde-Fortin, abandonnant la victime agonisante par terre.

Les accusés ont dû revenir à un peu d'humanité pendant la nuit, car ils ont appelé le 911 deux fois afin qu'on porte secours à Lortie. Mais les ambulanciers et la police n'ont pas trouvé l'endroit. Lortie a été trouvé mort au matin. Le pathologiste estime qu'il est mort d'un traumatisme crânien. L'hypothermie pourrait aussi avoir contribué à sa mort.

À la suggestion commune des parties, le juge Jean-Pierre Bonin a infligé une peine de 12 ans aux trois accusés. En soustrayant la détention préventive, qui compte double, ils devront purger une peine de neuf ans et trois mois. La salle était bondée et s'y trouvaient notamment les membres de leurs familles, dont certains sanglotaient. Les membres de la famille de Lortie, eux, se tenaient tous la main. Son frère, Daniel, a lu avec émotion une lettre, faisant valoir qu'il s'agissait d'une fin bien cruelle pour un jeune homme qui n'avait pas une once de méchanceté en lui.

À la fin de l'audience, avant de retourner en cellule, un des trois accusés, Alfonzo Stewart, a enlevé le chapelet qu'il avait au cou et l'a fait remettre par son avocat à une jeune femme de sa connaissance, assise dans la salle d'audience.