L'ancien directeur de la police régionale de Deux-Montagnes, Normand Mastromatteo, a passé une dure journée, hier, lors de la reprise de son procès pour fraude et abus de confiance, au palais de justice de Saint-Jérôme.

Reprenant le contre-interrogatoire là où il l'avait laissé à l'ajournement du 23 octobre dernier, le procureur de la poursuite, Me Jacques Dagenais, a forcé l'accusé à s'expliquer sur tout ce que la Ville de Deux-Montagnes lui reproche d'avoir fait durant son court passage à la tête du service de police, du mois de décembre 2001 à l'automne 2004: vol d'équipement, fausse facturation et paiements fictifs à de supposés informateurs.

 

Mastromatteo, qui plaide le coup monté depuis le début de cette affaire, a répondu tant bien que mal à toutes les questions. Soit il impute la faute à d'autres, soit il invoque l'ignorance ou l'insouciance.

Il a toutefois été clair sur un point: il a reconnu avoir enjolivé les informations qu'il avait données aux médias à la suite de la découverte d'une vingtaine de serres hydroponiques dans un quartier résidentiel de Sainte-Marthe-sur-le-Lac, en 2002.

«C'était pour protéger un informateur et glorifier les policiers qui ont participé à l'opération», a-t-il dit au juge Jean Sirois, de la Cour du Québec, pour expliquer ce qui l'avait incité à déclarer publiquement que toutes ces saisies de marijuana étaient le résultat d'une enquête de longue haleine. Dans les faits, il s'agissait d'un tuyau reçu à la dernière minute d'un informateur que Mastromatteo avait recruté quand il travaillait à la police de Montréal. La preuve a démontré qu'un indic de la Sûreté du Québec avait également joué un rôle clé dans cette affaire sans précédent dans les annales judiciaires du pays.

«La vraie enquête, c'était la source», a-t-il admis devant l'insistance de l'avocat de la poursuite. Ce dernier a produit en preuve une série d'enregistrements de bulletins d'informations télévisés où on voit l'accusé en train de répondre fièrement aux questions des journalistes, à l'issue de l'opération Balayage, en 2002. Me Dagenais lui a aussi montré diverses factures qu'il avait présentées à la Ville pour l'achat d'appareils (téléviseur, chaîne stéréo, caméra, GPS, pulvérisateur, etc.) que la police de Laval a retrouvés chez lui en 2005, à la suite d'une enquête ordonnée par le ministère de la Sécurité publique.

Souvent hésitant, mais sans jamais sembler embarrassé, l'ex-chef de police a particulièrement peiné à expliquer comment une tour d'ordinateur en désuétude s'est retrouvée au domicile de son ancienne femme. D'autant plus que les bons de commande et les factures qu'il a envoyés à la Ville tendent à démontrer qu'il a apporté l'appareil chez son ex avant que les réparations n'aient été effectuées.

Entamé en septembre, le procès tire à sa fin. Les avocats devraient présenter leurs plaidoiries aujourd'hui. Quant au dossier d'accusation, il a été ouvert en 2005.