Un meurtrier de 81 ans, Henri Benoît, devra s'y faire: il mourra sans doute en prison. Après un peu moins de deux jours de délibérations, le jury a refusé, mercredi après-midi, de lui permettre de demander une libération conditionnelle hâtive.

Henri Benoît avait 65 ans quand, le 14 février 1994, il a abattu Claudette Archambault, l'amie de coeur qu'il fréquentait depuis neuf ans mais qui ne voulait plus le voir. Benoît s'est présenté chez la femme de 51 ans. Elle lui a ouvert la porte, il lui a souhaité bonne Saint-Valentin et lui a tiré une balle dans la tête.

Lors de son procès, en 1994, il avait tenté de minimiser son geste, en disant qu'il s'agissait d'un accident, que le coup était parti tout seul. Néanmoins, il a été déclaré coupable de meurtre prémédité et a été condamné à la prison à vie.

Quelques années plus tard, il a obtenu un second procès en appel, qui s'est soldé par un résultat identique. En 2009, après avoir purgé 15 ans de sa peine, M. Benoît s'est prévalu de son droit de demander une révision judiciaire, cet exercice qui permet à des condamnés à la prison à vie de demander une libération conditionnelle avant terme.

Mais il faut obligatoirement obtenir l'assentiment d'un jury formé de douze citoyens, avant. Pour rendre leur décision, les jurés regardent alors les circonstances du crime, le parcours du détenu avant le crime, et son cheminement depuis. C'est à cet exercice que M. Benoît était soumis depuis la semaine dernière.

En témoignant devant les jurés, M. Benoît a encore minimisé son geste. Il a aussi parlé de sa vie en prison, de sa famille, et de ses maladies. Il a notamment de graves problèmes cardiaques et se déplace la plupart du temps en fauteuil roulant. Depuis plusieurs années, il demeure dans le secteur à sécurité minimale de la prison de Sainte-Anne-des-Plaines. Il n'y a pas de barreaux, pas de clôture, et les détenus vivent par petits groupes dans des unités d'habitation semblables à des logements. Malgré tout, son voeu était de pouvoir être libéré pour voir ses enfants librement, et ne pas mourir en prison.

Le fils et la fille de la victime ne savaient pas que leur meurtrier de leur mère demandait une révision judiciaire. Ils l'ont appris par les médias et se sont présentés devant la Cour pour faire part de leurs sentiments. Martin Perron, fils de Mme Archambault, est resté très affecté. C'est lui qui avait dû nettoyer le sang de sa mère dans le logement de celle-ci.

L'âge avancé, les larmes et la santé chancelante de l'homme de 81 ans n'auront finalement pas réussi à faire pencher la balance en sa faveur. Dans la journée de mercredi, le jury a posé six questions avant de rendre son verdict. M. Benoît a eu peu de réaction. Il pourra refaire une demande de libération dans deux ans, s'il le désire.