Une centaine de résidants du quartier Chomedey à Laval ont connu un réveil brutal, tôt hier, lorsqu'un incendie a forcé l'évacuation d'un immeuble de 50 logements. Huit personnes ont été transportées à l'hôpital et des dizaines d'autres craignent de passer Noël à l'extérieur de chez eux.

Ludovic Kugler était l'un des rares locataires à être éveillés lorsque l'alarme a retenti dans le bâtiment, vers 4h50. Il a d'abord cru à une fausse alerte, comme il y en a eu plusieurs au cours des dernières semaines.«Au bout de deux minutes, j'ai finalement ouvert la porte, a relaté M. Kugler. Dans le corridor, je ne voyais déjà plus rien. La fumée avait déjà monté et il y en avait partout.»

Très vite, il a frappé à toutes les portes pour réveiller ses voisins. Quelques minutes plus tard, une centaine de personnes se retrouvaient dans le stationnement, grelottant dans le froid. «On est chanceux, ma mère habite tout près, a indiqué Cesar Gomez, qui ne portait qu'une petite laine lorsque La Presse l'a rencontré. D'autres ont dû s'entasser dans des autobus jusqu'à 6h, avant que l'église d'à côté les accueille. Il y avait des gens sans manteaux, sans souliers, et ils avaient froid.»

L'origine de l'incendie: une chandelle dans l'appartement 308. «Quelqu'un l'avait laissée allumée toute la nuit, a expliqué le porte-parole de la police de Laval, Franco Di Genova. La flamme a pris sur un bout de vêtement, une couverture, un matelas, et c'est parti de là.»

Une sexagénaire se trouvait dans ce logement avec sa fille et sa petite-fille. Selon un habitant de l'immeuble, Jean Cornellier, c'est un voisin qui l'a secourue des flammes avant de la traîner à l'extérieur. Ses jambes ont été brûlées au deuxième degré, mais on ne craint pas pour sa vie.

Au total, les secouristes ont transporté huit personnes à l'hôpital, la plupart parce qu'elles étaient incommodées par la fumée. Une femme a subi une fracture de la jambe lorsqu'elle a fait une chute.

Quant aux autres sinistrés, ils ont dû patienter de longues minutes à l'extérieur avant d'être recueillis dans des autobus, puis dans une église. Huit appartements sont considérés comme des pertes totales et les autres sont privés de courant et de chauffage. On ignore quand les locataires pourront rentrer chez eux.

«Je pense qu'on va peut-être pouvoir rentrer à la maison pour Noël, a indiqué Cesar Gomez. En tout cas, j'espère, parce que toute la famille doit venir chez nous.»

Entre-temps, des évacués ont passé la matinée à faire le va-et-vient entre le stationnement et leurs logements, récupérant vêtements, nourriture et cadeaux.

La petite Marie-Ange Yasmine, 4 ans, sanglotait tandis que son père Elias chargeait le fauteuil roulante de sa grand-mère dans le coffre de sa voiture. Comme les autres, cette famille a dû quitter son appartement en catastrophe. Mince consolation, elle pourra loger chez une cousine pour les prochains jours. «Tous les cadeaux sont encore à l'intérieur, a soupiré Elias Yasmine. On n'est pas certains, mais j'espère qu'ils sont corrects.»

Une autre locataire, Irène, transportait la dinde qu'elle comptait servir à sa famille dans un sac. Dans un autre, on pouvait voir un jeu qu'elle compte offrir en cadeau. Mais la femme acceptait la situation avec humour.

«Les cadeaux ne sont pas emballés et ma fille a vu son cadeau, a-t-elle lancé à la blague. Sur le coup, je ne riais pas, mais je me trouve très chanceuse comparé à certains voisins.»