Conscient des preuves écrasantes qui pesaient sur lui, un sans-abri accusé du meurtre d'une prostituée survenu il y a deux ans dans un parc de l'est de Montréal a plaidé coupable de meurtre au premier degré, mercredi.

Bernard Armelin, 41 ans, a automatiquement été condamné à la prison à vie sans possibilité de libération avant 25 ans. «Il est très rare qu'un accusé plaide coupable à une telle accusation, a dit l'avocat d'Armelin, Me Vincent Lefebvre. Mais étant donné le caractère accablant de la preuve, mon client savait qu'il n'y avait aucune possibilité de règlement.»

Armelin, qui traîne un lourd passé de violence et d'agressions sexuelles, a sauvagement assassiné Nicole Blanchette le soir du 14 octobre 2007 dans Hochelaga-Maisonneuve.

La victime, une mère de famille de 49 ans, était aux prises avec un problème de drogue et se prostituait depuis peu pour payer sa consommation. Ce soir-là, Bernard Armelin lui aurait demandé des services sexuels. Ils se sont rendus dans un bosquet du parc Dézéry pour être à l'abri du regard des passants. «C'était possiblement consensuel au début, a indiqué le procureur de la Couronne, Jacques Dagenais. Les choses ont cependant mal tourné.»

Nicole Blanchette a été battue, sodomisée puis étranglée. Le lendemain, vers l'heure du midi, une jeune passante qui promenait son chien a découvert le corps meurtri dans le bosquet. La victime était face contre terre. Son pantalon avait été descendu aux genoux et sa veste, remontée aux épaules.

Échantillon d'ADN

L'autopsie a révélé des traces de sperme, notamment au dos. L'enquête policière a déterminé que le sperme était celui du meurtrier puisque aucune autre trace d'ADN n'a été trouvée sur les vêtements de la victime. «Elle ne s'est donc jamais relevée après avoir été agressée», a résumé Me Jacques Dagenais. Cependant, l'ADN recueilli ne correspondait à aucun profil de la Banque nationale de données génétiques. Ce n'est qu'à l'été 2008 que la concordance s'est faite. Bernard Armelin avait été contraint de remettre un échantillon d'ADN dans le cadre d'un procès pour une affaire d'introduction par effraction.

Les enquêteurs du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) l'ont arrêté le 15 septembre 2008, en fin d'après-midi, alors qu'il faisait la file devant la mission Old Brewery, un refuge pour sans-abri du centre-ville de Montréal.

En plus des preuves scientifiques, la Couronne détenait l'enregistrement vidéo d'une longue déclaration incriminante qu'Armelin a faite aux enquêteurs après son arrestation. Étant donné la nature sexuelle de l'agression, la Couronne l'a automatiquement accusé de meurtre au premier degré.

Après cette sordide affaire, la Ville de Montréal a fait raser les bosquets du parc Dézéry pour éviter que les prostituées y amènent leurs clients, selon Me Dagenais.