Le comédien Tony Conte et deux présumés complices ont renoncé à leur enquête préliminaire, mercredi en Cour du Québec, à propos d'une affaire de trafic de 100 kg de cocaïne destinés à des trafiquants du cartel du Golfe, l'une des plus redoutables organisations criminelles du Mexique. Les trois hommes seront de retour devant le tribunal à l'ouverture des assises d'hiver, le 11 janvier prochain.

Conte, 45 ans, fait face à des accusations de complot, trafic de drogue et possession de drogue à des fins de trafic. Il en va de même des Italo-Québécois Paul Maravita, 37 ans, et Anthony Riccio, 52 ans, dont le nom est ressorti dans l'enquête Colisée sur le clan Rizzuto. Les deux Mexicains, Miguel Sandoval, 41 ans, et Guillermo Tobon Gonzalez, 40 ans, ont déjà plaidé coupable. Le premier a écopé de six ans de pénitencier et son compatriote, de deux ans.La police de Montréal a amorcé cette enquête au début de 2008 après avoir appris que des dirigeants du cartel du Golfe voulaient étendre leurs tentacules à Montréal. En mal de nouvelles routes d'approvisionnement, les narcotrafiquants mexicains cherchaient à déjouer la surveillance américaine en passant par le Canada. Bien informés de tout ce qui se tramait, les détectives montréalais ont mis sur pied une opération d'infiltration dans le but de contrer l'invasion appréhendée.

Éventuels acheteurs

C'est ainsi, au fil de l'enquête, que des agents doubles ont été mis en contact avec Sandoval et son bras droit, Tobon Gonzalez, venus du Mexique pour s'occuper des intérêts du cartel. D'après la dénonciation judiciaire, les agents secrets ont rencontré Sandoval et son acolyte pour la première fois le 16 octobre 2008, dans un marché public de Montréal. Un deuxième rendez-vous a eu lieu une semaine plus tard dans un hôtel de l'avenue du Parc. C'est à la suite de ces deux rencontres que Conte et ses deux coaccusés sont entrés dans le portrait, après avoir été présentés aux policiers infiltrés comme d'éventuels acheteurs.

Les négociations qui ont eu lieu dans une chambre de l'Auberge des Gouverneurs de la Place Dupuis, rue Saint-Hubert, le 29 octobre 2008, auraient porté initialement sur un achat de 100 kg de cocaïne d'une valeur de plus de 2,5 millions. Il aurait ensuite été question de 30 kg, puis finalement de 5 kg. À la surprise des policiers, Conte semblait fort bien connaître les manières et le jargon du narcotrafic.

D'après les dénonciations, c'est Conte qui aurait fait l'achat des 5 kg de cocaïne qui lui ont été remis par les agents doubles. Le prix tournait autour de 150 000$. Une fois la transaction conclue, Conte et les quatre autres individus ont été arrêtés. L'acteur montréalais aurait alors eu 200 000$ en sa possession, tandis que Riccio dissimulait dans ses vêtements 20 000$ en billets de 20$.

Couvre-feu levé

En tout, durant l'enquête, la police a saisi pas moins de 250 000$, en plus de conserver l'importante quantité de cocaïne offerte aux trafiquants. Avec ses coaccusés, Conte a profité de son bref passage devant la juge Hélène Morin, de la Cour du Québec, mercredi, pour faire lever le couvre-feu auquel il était astreint depuis son arrestation, l'an dernier. En bon acteur, il n'a pas paru troublé par les caméramans et les photographes qui l'attendaient au palais de justice.

En plus d'avoir joué plusieurs rôles dans des films et à la télévision, dont la populaire série Omerta, Conte a également figuré dans des publicités. «Pas de boîtes de nuit, hein!» lui a lancé à la blague le procureur de la poursuite, Me David Simon, au moment de retirer l'ordonnance qui obligeait Conte, depuis 13 mois, à rester chez lui entre minuit et 7h le matin.