David Nyagahene Mutunzi est allé voir des amis dans un appartement de Montréal-Nord le soir du 24 novembre 2007, et il n'a plus donné signe de vie par la suite. Même si le cadavre du garçon de 17 ans n'a jamais été retrouvé, le procès devant jury de son meurtrier allégué, Marchath Marseilles, a commencé, hier, au palais de justice de Montréal.

Marseilles, 20 ans, est accusé du meurtre non prémédité du jeune Mutunzi, et de tentative de meurtre sur le meilleur ami de celui-ci, un adolescent de 15 ans. Malgré l'absence de corps, la Couronne pense avoir assez de preuves pour faire condamner Marseilles.

 

Trois jeunes hommes affirment avoir assisté au meurtre de David Mutunzi dans un appartement en sous-sol du 4220, rue Forest.

Malgré un nettoyage de l'appartement en question, du sang de la victime y a été retrouvé, a fait valoir le procureur de la Couronne, Jacques Dagenais, hier, lors de son exposé d'ouverture. Il a aussi signalé que du sang de la victime avait été trouvé dans la Cadillac de Marseilles, de même que sur certains de ses vêtements qui se trouvaient dans un sac vert, dans le coffre.

«Ça a claqué dans mes oreilles»

Les trois jeunes hommes qui disent avoir été témoins du meurtre vont témoigner au procès, mais il nous est interdit de les identifier. Hier, l'un d'eux, celui qui avait 15 ans lors du drame, a commencé à témoigner. La victime était son meilleur ami, a-t-il dit.

Le samedi 24 novembre, David et lui avaient convenu d'aller dans une fête à Laval ce soir-là. Ils ne l'avaient pas dit à la mère de David, de crainte qu'elle refuse de le laisser y aller. Vers 18h30, ils sont partis rencontrer un de leurs très bons amis, qui se trouvait chez son frère, au 4220, rue Forest, à Montréal-Nord. Ils avaient appris qu'un certain Marchath Marseilles se trouvait aussi sur place, et que ce dernier pourrait les conduire à la fête en voiture.

Mais peu de temps après leur arrivée à l'appartement, Marseilles aurait sorti une arme et demandé à David de lui donner son argent. Ce dernier aurait demandé ce qui se passait et de quoi il parlait. «Marchath a demandé à Michel (nom fictif) de monter le volume de la musique et de fermer la lumière. Il a tiré une balle dans la tête de David. L'arme était collée à un centimètre de son front. Du feu a sorti (de l'arme). Ça a claqué dans mes oreilles. Il a pointé son arme sur moi. Michel a sauté sur lui», a raconté le témoin, hier. Selon lui, tout cela s'est passé dans les deux ou trois minutes suivant leur arrivée dans l'appartement en question. Ce garçon doit poursuivre son témoignage ce matin.

Témoignage émouvant

Un peu plus tôt en après-midi, hier, la mère de la victime, Liliane Kabinoshi Muwamba, avait expliqué que ce soir-là, elle avait accepté pour la première fois de laisser son fils aller coucher chez son ami, qu'elle connaissait bien.

Elle ignorait cependant qu'ils devaient se rendre à une fête avant. Son fils la trouvait trop sévère, car elle appelait toujours pour savoir où il se trouvait. Elle avait voulu lui donner un peu de liberté ce soir-là.

Le lendemain, n'ayant aucune nouvelle de lui, elle a commencé à s'inquiéter et à le chercher, sans succès. Le lundi, elle a appelé la police pour signaler la disparition de son fils. On lui a dit que les enquêteurs viendraient la voir. Ils lui auraient apparemment appris la terrible nouvelle.

Originaire du Zaïre, Mme Muwamba est arrivée au Canada avec ses trois enfants en 1996. Au moment du drame, David avait fini sa cinquième secondaire, mais il suivait des cours de français, a-t-elle expliqué.

Comme le corps n'a pas été retrouvé, il fallait reconstituer l'ADN de son fils. Elle a fourni son sang, et le père de David, qui demeure au Rwanda, est venu expressément au Canada pour fournir le sien. Le procès est présidé par le juge James Brunton, et c'est Me Normand Boudrault qui défend l'accusé.