À peine arrivé dans la salle d'audience où on devait le juger, hier, Daniel Bédard s'est mis à rouspéter et à crier à l'injustice, à la magouille et à la corruption, comme il l'a fait au printemps dernier, lors de son procès pour harcèlement. Si bien qu'il a encore été expulsé de son propre procès.

Le juge Robert Marchi a appliqué hier le même traitement que son confrère Richard Mongeau, le printemps dernier: il a envoyé l'homme de 51 ans dans une autre salle d'audience afin qu'il suive son procès par vidéoconférence. À l'aide d'une télécommande, le juge pourrait ainsi passer au mode silencieux quand l'accusé se mettrait à vociférer. Mais le juge n'a même pas eu à s'en servir. «Je me ferai pas zapper comme je me suis fait zapper avec Mongeau», a protesté Bédard, en constatant l'installation. Quelques secondes plus tard, frustré et en colère, il a quitté la salle avec fracas par la porte des détenus.

Écoutez des extraits du procès:

Bédard se défendait seul. Vu les circonstances, le juge Marchi l'a jugé en son absence, comme la loi l'y autorise.

Dans cette affaire, Bédard était accusé de voie de fait à l'égard d'un agent des services correctionnels. L'incident est survenu le 7 mai dernier, alors que Bédard revenait au Centre de détention de Rivière-des-Prairies, après une journée passée à la cour pour son affaire de harcèlement. L'agent en question, François Demers, a expliqué que Bédard était très agité à cause de son procès. Il vociférait et traitait les agents d'«estis de screws sales». Selon M. Demers, à un certain moment, Bédard a avancé le bras pour lui donner un coup de poing au ventre, mais l'agent l'a stoppé juste à temps. C'est ce qui a valu une accusation de voie de fait à Bédard.

Hier, au terme de son court procès, Bédard a été déclaré coupable et condamné à trois mois de prison, à purger après la peine qu'il purge actuellement. Cette peine de 28 mois lui a été imposée en mai dernier, au terme de son procès pour harcèlement à l'égard de l'Ordre des ingénieurs du Québec. Bédard, un dessinateur industriel, en voulait à l'Ordre de ne pas avoir retenu sa plainte contre un ingénieur, et il ne lâchait pas prise. Depuis 2006, il a été déclaré coupable quatre fois de harcèlement.

Bédard doit avoir un autre procès, en février prochain, pour des menaces à l'égard d'un procureur de la Couronne affecté à son dernier dossier de harcèlement.