Le ministère public en appelle d'une décision de la Cour du Québec, à Joliette, de remettre en liberté provisoire le pégriot Yannick Larose, chef présumé d'un réseau de fiers-à-bras qui tentait de prendre le contrôle du commerce des vitres teintées, en éliminant la concurrence.

En général, un tel recours est utilisé par la défense, rarement par la poursuite. Dans sa requête, Me Steve Baribeau invoque principalement que le juge Claude Melançon s'en est tenu aux grands principes de droit, sans tenir compte du nombre et de la gravité des délits reprochés à Larose, de son casier judiciaire déjà bien garni et du danger qu'il représente pour les victimes et les témoins.

 

De l'avis du procureur, le public n'est certainement pas en sécurité quand des individus comme Larose se permettent de menacer, d'intimider et même de battre des commerçants pour s'emparer d'un segment de l'économie légitime. Il a notamment été mis en preuve, en première instance, que Larose a demandé à un témoin, durant l'enquête policière, de changer sa version afin de détourner les soupçons vers d'autres personnes. Il aurait également tenté d'intimider un commerçant qui a porté plainte.

C'est sans compter, ajoute Me Baribeau dans son document d'appel, le fait que Larose «a de façon systématique brisé et violé» les ordonnances de probation prononcées contre lui à l'occasion de condamnations antérieures. Autre facteur non négligeable: en apprenant qu'il faisait l'objet d'une enquête de la police, Larose s'est enfui au Mexique avec sa femme et ses deux enfants. Il s'est livré le 21 août, quelques mois après la rafle entourant l'opération Dictature. Sa femme, Ève Gaboury, qui travaille pour son entreprise, X Vitres teintées, à Repentigny, est accusée de complicité après le fait de crimes d'extorsion.

Larose, un proche des Hells Angels, fait face à 17 chefs d'extorsion, de complot et de menaces à l'endroit d'une douzaine de personnes liées au domaine de l'esthétique automobile. Il a pu reprendre sa liberté en octobre, après le versement d'une caution de 100 000$. Tous ceux qui ont suivi l'enquête devant le juge Melançon ont été surpris qu'il soit libéré. D'autant que, dans les semaines précédentes, des comparses de Larose avaient essuyé un refus devant un autre juge, malgré un dossier moins chargé.

Le pourvoi en appel sera entendu en Cour supérieure, à Montréal, le 17 décembre.