Kenny Bédard, l'un des membres les plus fidèles des Rockers de Montréal, l'ancien clan guerrier des Hells Angels, peut être libéré avant la fin de sa peine, même s'il représente un risque élevé de récidive et qu'il est toujours considéré comme dangereux.

Littéralement menottée par la règle l'obligeant à élargir les détenus aux deux tiers de leur peine, la Commission nationale des libérations conditionnelles (CNLC) a pu simplement lui imposer une «assignation à résidence», assortie de diverses mesures de contrôle. Jusqu'en 2013, Bédard ne peut, entre autres, changer d'adresse sans en aviser ses superviseurs correctionnels. Il ne peut non plus posséder de cellulaire ou de téléavertisseur, encore moins fréquenter d'autres motards. Au moindre faux pas, il sera de nouveau incarcéré.

 

Arrêté dans le cadre de la célèbre opération Printemps 2001, Bédard a été condamné à 10 ans et demi de pénitencier. Bien qu'il ait passé une partie de la guerre des motards derrière les barreaux, il n'a pas moins participé à des complots pour faire assassiner des membres des Rock Machine. Il était surtout été actif dans le Sud-Ouest, l'un des bastions de la bande rivale qui a le plus longtemps résisté aux assauts des Hells Angels.

D'un physique imposant, et souvent armé, Bédard faisait de l'intimidation auprès des petits revendeurs de drogue à la solde des Rock Machine. En 1997, il avait notamment été arrêté en possession d'un pistolet Luger 9 mm, d'une cagoule noire et de divers documents contenant des renseignements personnels sur quelques-uns des principaux leaders des Rock Machine, dont Peter Paradis, devenu délateur par la suite. Au besoin, il agissait aussi à titre de garde du corps de Hells Angels Nomads ou de motards en visite au Québec.

C'est à la suite de son arrestation et de celle de son comparse Daniel Lanthier, des Rockers, le 15 février 2001 au Holiday Inn de la rue Sherbrooke, que la police a appris que les Nomads se préparaient à mettre fin à une trêve avec les Rock Machine en lançant une nouvelle offensive meurtrière. Bédard faisait le guet dans le hall de l'hôtel, armé d'un puissant Magnum .357 chargé à bloc.

Lors de son passage devant la CNLC, Bédard a reconnu n'avoir jamais travaillé de sa vie, ayant toujours tiré ses revenus d'activités illicites, dont le trafic de drogue. Il se fait toujours un point d'honneur d'avoir porté les couleurs des Rockers. Ce club-école, ainsi que le clan d'élite des Nomads, ont été démantelés après la rafle policière de mars 2001.

Depuis son incarcération il y a huit ans, Bédard a continué de jouer les matamores en agressant et en intimidant des codétenus. À l'occasion, il s'en est même pris à des gardiens. En février 2006, il a été mêlé à un projet d'évasion organisé par un autre prisonnier. En janvier dernier, il s'est attiré les foudres des autorités pour avoir agressé un détenu.