Même si les deux victimes ne se trouvaient pas dans sa voiture à lui, Daniel Dupuis a écopé de cinq ans de pénitencier, jeudi, pour avoir participé à une course rue Notre-Dame, le soir du 25 juillet 2005. La course s'est avérée fatale pour les deux jeunes passagères de l'autre véhicule.

Au terme de son procès, en juillet dernier, Dupuis avait été déclaré coupable de conduite dangereuse et de délit de fuite ayant causé deux morts. « Une course est une entreprise qui implique un encouragement mutuel. Ils s'entraident à créer un risque sur la voie publique. Si l'accusé n'avait pas participé, la course n'aurait pas eu lieu », a fait valoir le juge Salvatore Mascia, en rendant sa décision. Dupuis écope d'une peine plus sévère que celle de trois ans imposée au jeune conducteur de la Hyundai, Frédéric Garneau. Ce dernier a fini sa course dans un lampadaire et un arbre, tuant net ses deux passagères assises à droite, Annie Lachapelle, 18 ans, et Mélissa Lalonde-Émard, 16 ans. Dupuis avait quant à lui poursuivi sa route sans s'arrêter.

Pour mesurer la peine, le juge a tenu compte de l'âge de l'accusé et des antécédents de celui-ci en matière de conduite automobile. Dupuis avait 34 ans au moment des faits, alors que Garneau en avait à peine 18. Dupuis avait deux antécédents de conduite avec les facultés affaiblies, et il s'était fait arrêter à quatre reprises en train de conduire pendant une interdiction par la suite. En outre, il avait omis de s'arrêter lors d'un autre accident. « Cela démontre de l'insouciance et un mépris pour les règles élémentaires de conduite automobile, a noté le magistrat, tout en signalant qu'à 34 ans, Dupuis aurait dû agir en homme mature.

Selon la preuve, les deux voitures s'étaient retrouvées côte à côte au même feu rouge, à l'angle des rues Dickson et Notre-Dame. Dupuis devait tourner vers l'est, tandis que l'autre voiture devait tourner à l'ouest. Quand le feu a changé, Dupuis a bifurqué de sa route, et a dépassé l'autre voiture à grande vitesse. Garneau a interprété le geste comme une invitation et s'est mis à accélérer. Les deux véhicules ont filé à haute vitesse pendant un moment, jusqu'à ce que Garneau tente de se faufiler entre deux voitures et perde la maîtrise de son véhicule.

Gilles Émard, le père de la jeune Mélissa, juge la peine trop légère, tandis que le père de l'accusé, qui porte le même nom que son fils, la trouve beaucoup trop lourde. Selon ce dernier, son fils n'était pas apte à avoir son procès, car il pourrait souffrir de maladie mentale. «En prison, il ne parle à personne», a-t-il dit.