Le présumé meurtrier de Natasha Cournoyer ramassait ses feuilles mortes sur son terrain quelques heures avant son arrestation, hier après-midi, sur son terrain d'un quartier résidentiel paisible situé au coeur du quartier Ahunstic.

Claude Larouche ne se doutait alors pas que les policiers débarqueraient chez lui vers 23h pour l'inculper du 24ème homicide de l'année, qui a fait couler des litres d'encre depuis octobre.

En ce début d'après-midi, un fourgon cellulaire de la section de l'identité judiciaire était toujours garé devant ce semi-détaché de six logements de la rue Prieur, où vit le présumé assassin.

Pour les voisins interrogés, le choc est brutal. Personne ne pouvait imaginer que l'homme aimable qui vivait au deuxième étage avec sa conjointe et deux adolescents, ce menuisier toujours en train de bricoler dans la cour, était le présumé meurtrier le plus recherché au Québec.

Les voisins ne pouvaient pas imaginer non plus que ce voisin, toujours prêt à rendre service, traînait derrière lui une longue feuille de route criminelle. Bien connu des policiers, Larouche possède des antécédents judiciaires en matière d'enlèvement et d'agression sexuelle. Le juge Robert Sanfaçon avait qualifié son comportement «d'extrêmement inquiétant», en 2005, en lui imposant une peine de 40 mois pour avoir tenté d'enlever une fillette de 7 ans.

L'affaire était survenue en octobre 2003 dans le quartier Mercier, à Montréal. Larouche, 48 ans, avait empoigné l'enfant au cou et l'avait couchée de force sur la banquette avant de sa voiture. La fillette avait réussi à s'enfuir.

Claude Larouche avait plaidé coupable à une accusation de tentative d'enlèvement. Il avait finalement écopé de 13 mois de prison en raison du temps qu'il avait déjà purgé.

En 1993, au palais de justice de Chicoutimi, il avait été condamné à une peine de 12 mois de prison pour une agression sexuelle commise le 25 mai 1991. Il avait été acquitté d'une autre agression sexuelle en 1992.

Larouche avant été arrêté en mai dernier à Québec, pour une affaire de vol. Il avait été remis en liberté après sa comparution, moyennant un cautionnement de 1000$ et diverses conditions à respecter. Son procès a été fixé au 8 février prochain.

Enfin, l'homme a des antécédents criminels à Saint-Jérôme pour introduction par effraction et vol, en 1997, pour lesquels il a écopé une probation de deux ans.

En début d'après-midi, les enquêteurs étaient toujours chez Larouche en train de passer son appartement au peigne fin. À l'arrivée de La Presse un peu plus tôt, ils ont tiré les rideaux. Sur le côté du bâtiment résidentiel, quelques vélos d'enfants sont appuyés contre un escalier en fer. À l'intérieur de l'appartement situé sous celui du suspect, trois jeunes adolescents ont appris avec stupeur le crime commis par le voisin d'en haut. «Il habitait ici l'an passé, avant de déménager en haut. Il était pas mal tranquille, il faisait toujours des petits travaux dehors», explique un des jeunes garçons.

Même consternation chez les locataires d'un autre appartement, un jeune couple avec un poupon de quelques semaines. «C'est un monsieur très serviable, il déblayait notre entrée l'hiver. Il avait l'air d'un bon gars, normal», résume le jeune père de famille.

Quelques portes plus loin, deux autres locataires étaient aussi sans voix. «Il était souvent dans sa cour à faire des travaux. Il m'a même offert ses services quand j'ai emménagé. J'ai refusé...», raconte cette voisine, en poussant un soupir de soulagement. «J'ai le coeur qui me débat, quand je suis arrivé ici, c'est le premier à être venu me tendre la main», ajoute-t-elle.

De sa fenêtre, cette autre voisine a vu les gyrophares devant chez elle hier soir, «tout de suite après le match de hockey.»

Elle n'aurait jamais pensé que les policiers étaient en train de passer les menottes aux poignets au présumé meurtrier de Natasha Cournoyer.