Qualifiant le comportement de Claude Larouche «d'extrêmement inquiétant», le juge Robert Sansfaçon a imposé hier une peine de 40 mois de prison à ce menuisier de 43 ans, qui a tenté d'enlever une fillette, dans le quartier Mercier en octobre 2003.

Ce matin-là, vers 7 h, une fillette marchait dans la rue en direction de la maison d'une amie, chez qui elle se faisait garder avant de se rendre à l'école. En passant devant une voiture garée devant son école, la fillette s'est fait héler par un homme. «Aie ti-fille t'as échappé tes sous», lui a dit l'homme. L'enfant s'est approchée, Larouche l'a empoignée par le cou et l'a couchée de force sur la banquette avant de sa voiture. L'enfant s'est tellement débattue qu'il l'a frappée au visage, faisant tomber ses lunettes. La fillette déterminée a continué à donner des coups de pied, si bien que Larouche l'a laissée filer. «O.K. sauve-toi», lui a-t-il dit. La petite a couru jusqu'à une maison et a sonné, en criant et en pleurant.

Larouche, pour sa part, est remonté dans sa voiture et a suivi l'enfant jusque devant la maison. Heureusement, la porte s'est ouverte, et l'enfant a pénétré dans la maison inconnue en disant «qu'un monsieur voulait l'enlever». L'occupant de la maison a eu le temps de voir la voiture, avant qu'elle parte en trombe, et a noté les premiers chiffres de la plaque. Ces détails, ainsi que le chapelet jaune qui pendait au rétroviseur (que l'enfant avait remarqué) ont été d'une grande aide pour les policiers.

Sept mois plus tard, en mai 2004, Larouche était arrêté et accusé. L'enquête préliminaire a révélé une preuve accablante. Avant son procès, Larouche a décidé de plaider coupable à des accusations de tentative d'enlèvement et de voie de fait.

Hier, la procureure de la Couronne Cynthia Gyenizse, a recommandé d'imposer une peine de cinq à sept ans de pénitencier. La nuit précédant l'enlèvement, Larouche avait fait quantité d'appels à des lignes érotiques, ce qui fait craindre le pire sur les intentions qu'il pouvait avoir au moment du crime. Me Gisèle Tremblay, de la défense, suggérait pour sa part un sursis. Larouche est détenu depuis son incarcération et il ne faut pas lui donner une peine de prédateur sexuel, puisque rien de tel ne s'est produit, a-t-elle fait valoir. Selon son avocate, les problèmes de Larouche se situent essentiellement dans sa consommation d'alcool et de cocaïne.

Larouche n'a jamais dit pourquoi il avait tenté d'enlever la fillette. Il a laissé entendre que c'est parce qu'il s'ennuyait de sa fille qu'il n'avait pas vue depuis six ans, et qui avait le même âge que la victime. Cette explication bizarre n'a pas convaincu le juge, qui lui a finalement imposé 13 mois de prison à purger à partir d'hier. Ce qui avec la détention préventive qui compte en double fait un total de 40 mois.

Notons enfin que Larouche a été accusé hier d'une introduction par effraction commise dans un garage de la rue Fleury, le 25 janvier 2002. Il s'était blessé en voulant voler le contenu du coffre-fort. Larouche a pu être relié à ce vol, à cause de l'ADN qu'il a fourni pendant l'enquête sur l'enlèvement de la fillette.