Tous les conducteurs reconnus coupables d'une deuxième infraction pour alcool au volant devraient être considérés comme des multirécidivistes potentiels, estime la ministre de la Justice, Kathleen Weil.

Au cours d'une rencontre fédérale-provinciale des ministres de la Justice vendredi à Fredericton, au Nouveau-Brunswick, la ministre québécoise a plaidé pour que des modifications soient apportées au Code criminel, afin de durcir les peines imposées en matière de conduite avec les facultés affaiblies.

«Les peines minimales ne sont pas suffisantes, il faut lancer un signal», a déclaré Mme Weil en entrevue à La Presse Canadienne, après avoir sensibilisé ses homologues.

La ministre entend détailler sa suggestion lors des prochaines réunions de la table fédérale-provinciale, mais elle souhaite que les individus risquant de multiplier les offenses soient dépistés rapidement et qu'ils fassent l'objet d'un encadrement plus rigoureux.

«Il faut faire en sorte que tout le monde reconnaisse qu'une personne qui va sur la route, après une deuxième infraction d'alcool au volant, elle représente un danger», a-t-elle insisté.

Mme Weil a admis que l'idée, embryonnaire pour l'instant, peut être compliquée à appliquer sur le plan législatif, mais elle soutient que «le Québec va travailler fort là-dessus».

Elle a cité en exemple le cas de Roger Walsh, qui a été condamné à la prison à vie en septembre dernier à Valleyfield, après avoir été reconnu coupable de la mort d'Anee Khudaverrdian.

Il en était alors à une 18e infraction pour conduite en état d'ébriété.

«Comment fait-on pour que ces gens-là ne soient plus sur la route, avant qu'ils ne commettent l'irréparable? Les personnes qui ont un problème d'alcoolisme, on enlève leur permis, leurs clés, leur voiture, mais elles trouvent une façon de récidiver», a lancé la ministre québécoise.

Selon elle, même si le gouvernement du Québec a posé certains gestes, il n'y a pas de doute que le gouvernement fédéral devra revoir le Code criminel et resserrer l'étau sur ceux qui conduisent en état d'ébriété, pour éviter de nouvelles tragédies.

«Nous avons donné instruction aux procureurs de la Couronne de demander des peines plus sévères, mais c'est la limite de ce qu'on peut faire en administration de la justice. Le reste, cela relève du Code criminel», a-t-elle expliqué.

«Il faut qu'on reconnaisse que ce sont des personnes dangereuses très tôt, qu'elles n'ont pas de contrôle sur leur comportement. Leur victime pourrait être votre enfant, mon mari, tout le monde devient à risque», a enchaîné la ministre Weil.

Elle a indiqué qu'une récente rencontre avec la famille d'Anee Khudaverrdian l'a particulièrement touchée.

La mère de famille handicapée promenait son chien, le 23 octobre 2008, lorsqu'elle a été happée mortellement par le véhicule de Roger Walsh.

Sa soeur, Clara, a réclamé que des modifications législatives soient apportées pour que des individus comme Walsh puissent être déclarés délinquants dangereux.

«Lorsqu'on rencontre les familles des victimes, on prend la mesure de notre rôle de ministre. On doit répondre à ces cris du coeur, puis, à l'intolérance du public à l'égard de ce type de crime», a ajouté Mme Weil.

Elle a soutenu que son homologue fédéral, Rob Nicholson, s'est montré ouvert sur cette question.

Pour l'instant, ce sont les sous-ministres qui ont reçu le mandat d'étudier des moyens d'encadrer davantage les conducteurs fautifs, coupables d'une deuxième infraction de conduite avec les facultés affaiblies.