Les deux conducteurs de 17 ans soupçonnés d'avoir été impliqués dans un accident mortel la fin de semaine dernière, sur le chemin des Patriotes, ont été accusés de conduite dangereuse et de négligence criminelle ayant causé la mort et des blessures, hier, au palais de justice de Saint-Jean-sur-Richelieu.

Vu leur âge, les deux jeunes ont comparu en chambre de la jeunesse. Mais le procureur de la Couronne, Martin Joly, a avisé le tribunal qu'il demanderait qu'ils soient assujettis à une peine pour adulte, s'ils sont reconnus coupables. Quoi qu'il en soit, les deux accusés, qui ont comparu à tour de rôle, sont restés détenus à la demande de la Couronne. Ils auront leur enquête sur leur mise en liberté séparément, jeudi pour l'un, vendredi pour l'autre.Les accusés et leurs 10 passagers revenaient d'une soirée passée dans un établissement réservé aux 14 à 18 ans, à Saint-Jean, un peu avant 3h, dans la nuit de dimanche, quand le drame est survenu, sur le chemin des Patriotes, à la hauteur de Saint-Athanase. Cinq des jeunes se trouvaient dans une Crown Victoria, et sept dans une petite Kia Rio, dont deux qui étaient accroupis dans la partie du coffre. Sur une chaussée mouillée, lors d'une manoeuvre de dépassement dans une zone de 70 km/h, la Kia et la Crown Victoria se seraient touchées. La Kia s'est mise à déraper, aurait percuté un poteau de signalisation, serait passée par-dessus un ravin et aurait dévalé vers la rivière. Ce faisant, elle a heurté un gros arbre, puis a stoppé sa course. Marie-Pier Paquette, 14 ans, a péri après avoir été éjectée par la lunette arrière. Un garçon de 15 ans qui se trouvait assis au centre sur la banquette arrière, avec sa ceinture bouclée, a été très gravement blessé. Les autres auraient subi des blessures plus mineures.

Pas d'alcootest

Comme les conducteurs ne semblaient pas avoir bu, on ne leur a pas fait passer d'alcootest, selon le coroner, André Hector Dandavino, un médecin de Saint-Jean. Ce dernier, par contre, aurait bien voulu que d'autres tests soient réalisés pour savoir s'il y a eu consommation d'autres sortes de substances, par exemple de l'ecstasy. «Mais la loi ne le permet pas, à cause de la Charte des droits et libertés. On peut faire les prises de sang si la personne est décédée, mais pas si elle est vivante», dit le coroner. Il est d'avis que «la société se met la tête dans le sable» face à ce sujet, et il voudrait bien que la loi change. «Un verre avec une Dalmane (un barbiturique), c'est pire que deux verres», donne-t-il en exemple. Dans le cadre de son enquête, le coroner compte beaucoup s'intéresser à ce qui s'est passé avant l'accident, afin de comprendre le comportement des jeunes dans cette affaire.

Par ailleurs, plusieurs amis et proches de Marie-Pier Paquette, qui fréquentait l'école secondaire Verbe Divin, à Granby, ont laissé des messages de sympathies sur le site internet Facebook. L'adolescente laisse dans le deuil ses deux parents et ses deux frères.

«C'est très difficile de te laisser partir ma petite cousine que j'ai vu grandir et remettre plus d'une fois à leur place tes deux frères qui étaient là pour t'apprendre les lois de la vie», a écrit Marc-André Martel, qui a qualifié de «jeune énervé» l'accusé de 17 ans qui conduisait la voiture.

Plusieurs ont écrit un mot d'encouragement pour l'adolescent de 15 ans qui a été gravement blessé et qui se trouvait encore hier soir dans un état grave. «Respire de toi-même, tu en es capable, j'en suis sûre», a écrit Kelly Hébert-Champagne.

Avec la collaboration Catherine Handfield