Issu d'une famille qui a une longue tradition mafieuse à Montréal, Francesco Facchino ne pourra plus vendre d'alcool au Café de la Petite Italie qu'il tient «de façon détournée» depuis 10 ans, a statué la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ).

À en croire la récente décision de l'organisme de contrôle provincial, ce n'est pas tant que Facchino ait administré illégalement l'établissement qui cause le plus grand problème, mais bien qu'il soit accusé d'y avoir trafiqué de la drogue avec son beau-frère, John Botsis. Les deux hommes sont tombés dans le piège d'un agent double qui a infiltré le petit bar de la rue Saint-Dominique.

 

Lors de la perquisition qui a suivi les arrestations, le 30 septembre 2008, les policiers ont découvert, avec l'aide d'un chien renifleur, que des sachets de cocaïne et de marijuana étaient cachés dans la cage d'escalier et dans les interstices d'un mur de pierre, au sous-sol de l'établissement. Il y en avait aussi à la résidence de Botsis, rue Bélanger. C'est à cet endroit, a révélé l'enquête, que la drogue était «coupée» et ensachée avant d'être vendue au Café de la Petite Italie.

Lors de son passage devant la Régie, Facchino, 49 ans, a expliqué avoir engagé son beau-frère, John Botsis, mieux connu sous le pseudonyme de John The Greek, après que celui-ci eut purgé deux ans de prison. Il a réfuté les allégations de la police voulant qu'ils aient tous deux fait le trafic de cocaïne à l'intérieur de son établissement (la cause sera entendue l'an prochain en Cour du Québec, à Montréal). Les deux hommes ont déjà été condamnés à quelques reprises dans le passé pour des affaires de stupéfiants.

C'est d'ailleurs à cause de son casier judiciaire que Facchino aurait fait mettre le permis d'alcool du Café au nom de sa mère, Rosa Di Leo, selon ce qu'il affirme. À ses dires, la gestion du Café est une «affaire de famille». Tout en déposant le document devant le tribunal de la Régie, il a dit s'en être occupé depuis 10 ans par le truchement d'une procuration de sa mère, signée devant notaire le 29 avril 1999. À part son beau-frère, ses frères Gino et Tony Facchino, aussi fichés à la police, travaillent également au Café.

Permis refusé en 2005

Autre détail qui a fait tiquer la Régie: les Facchino servaient des boissons alcoolisées sur la terrasse, même si une demande de permis avait été refusée en 2005. «Comment M. Facchino peut-il prétendre ne pas être au courant de cette décision, alors que, depuis 1999, c'est lui et un autre de ses frères, mandatés par leur mère, qui administrent l'établissement?» note-t-on dans le rapport.

D'autant plus qu'«avec le contrat notarié de 1999, Francesco Facchino a trouvé le moyen de contourner toutes les règles afin d'avoir les pleins pouvoirs dans l'exploitation de l'établissement. Il est clair qu'il a opéré cet établissement de façon détournée», ont conclu les régisseurs, en ordonnant la saisie du permis d'alcool détenu par sa mère, pour le Café de la Petite Italie. Facchino a demandé que l'on suspende la décision en attendant son appel.