Le jour où Cathie Gauthier et Marc Laliberté ont mis à exécution leur pacte de suicide, ils se sont allongés aux côtés de leurs trois enfants dans le lit conjugal. La mère à une extrémité, le père à l'autre. Louis-Philippe, 4 ans, était couché sur le ventre de sa mère. Au centre, Joëlle, 12 ans, et Marc-Ange, 7 ans, étaient allongés sur le dos.

«Tout le monde était dans le lit», a résumé la biologiste judiciaire et spécialiste en projection de sang, Jacinthe Prévost, hier, au procès de Cathie Gauthier. La mère de 35 ans est accusée du meurtre prémédité de ses trois enfants, survenu le 31 décembre dernier, dans la maison familiale, à Chicoutimi.

 

Les enfants n'avaient aucune blessure apparente, a indiqué la biologiste judiciaire. Or, il y avait des taches de sang sur les pyjamas de Louis-Philippe et de Joëlle. Le lit était également éclaboussé de sang. Cathie Gauthier et son mari avaient chacun un poignet tailladé. «Mme Gauthier a taché les enfants en se relevant (du lit)», a conclu l'experte, qui a analysé la scène du crime.

Toujours selon la biologiste, Marc Laliberté s'est aussi relevé après avoir perdu beaucoup de sang. Il a fait «deux traces d'essuyage avec ses pieds dans une mare de sang sur le plancher», a-t-elle indiqué. L'homme de 46 ans a été trouvé sans vie au pied du lit, non loin du couteau qui lui aurait servi à se suicider.

La biologiste a analysé l'arme. Au moment où elle allait révéler les résultats au jury, l'avocat de la défense, Dominic Bouchard, l'a interrompue, préoccupé par l'état de sa cliente. C'était la seconde fois qu'il interrompait ainsi un témoin, hier, pour s'assurer que sa cliente était en mesure de suivre. Derrière une vitre, au banc des accusés, la mère de famille, recroquevillée, était prise de violents sanglots. À la suggestion de la défense, le juge Jean-Claude Beaulieu a décidé d'ajourner plus tôt que prévu.

L'accusée n'est pas la seule à avoir vécu des moments pénibles, hier. Parmi la demi-douzaine de proches de la famille Laliberté-Gauthier venus assister au procès, plusieurs ont pleuré ou ont fermé les yeux au moment où les photos des corps des trois enfants assassinés et de leur père ont été montrées au jury. L'un d'eux a même dû quitter la salle d'audience précipitamment.

Sur les photos prises par la police, on pouvait distinguer un chapelet accroché à la tête du lit et des peluches placées à la base. Lorsque les secouristes sont entrés dans la maison, une note écrite au feutre noir était collée sur la porte de la chambre du couple: «Ne pas nous réanimer. Notre désir est de partir en paix. S.V.P. merci.»

Dans la cuisine ainsi que dans la salle de bains, les policiers ont trouvé des flacons de médicaments contre l'anxiété et l'insomnie, a témoigné Gaétan Ringuette, technicien en scènes de crime de la Sûreté du Québec, plus tôt dans la journée. Certains de ces flacons se trouvaient tout près du porte-documents contenant les dernières volontés du couple. Ces documents sont datés du jour du drame et signés soit par le couple, soit uniquement par M. Laliberté.

Toujours dans la salle de bains, les policiers ont saisi le pyjama rose ensanglanté de l'accusée. «Le bain était rempli au quart d'une substance rougeâtre s'apparentant à du sang», a dit l'expert en scène de crime.

Selon la thèse de la Couronne, Cathie Gauthier et son mari ont fait un pacte de suicide en raison de leurs difficultés financières. Ils auraient décidé de tuer du même coup leurs trois enfants en les empoisonnant. Le procès, qui se déroule devant jury au palais de justice de Chicoutimi, doit durer trois semaines.