Un autre policier de Montréal vient d'être arrêté pour avoir utilisé frauduleusement un ordinateur de la police, a appris La Presse. Nancy Lauzon aurait commis cette faute à la demande de son père, accusé de complot, de trafic de drogue et de gangstérisme dans la foulée de l'opération Axe, menée au début de l'année.

Selon nos sources, l'agente Lauzon, 32 ans, aurait vérifié un numéro de plaque minéralogique pour son père, Fernand Lauzon. Ce dernier avait l'impression d'être suivi et souhaitait en savoir plus sur le mystérieux auteur de cette filature.

 

Or, il s'agissait d'une voiture banalisée de la police, qui l'avait pris en filature dans le cadre de l'opération Axe. Cette opération d'envergure s'était soldée par l'arrestation d'une cinquantaine de personnes, en février. L'enquête a mis au jour les activités, licites et illicites, de deux bandes de narcotrafiquants actifs dans le centre-ville et le Sud-Ouest de Montréal - en l'occurrence, le clan Lavertue et le gang des frères Zéphir, à la solde des Hells Angels.

D'après les enquêteurs, Fernand Lauzon, 68 ans, était l'un des principaux fournisseurs de cocaïne du clan Lavertue. Il leur refilait la drogue au rythme de 1 à 4 kg par semaine. Les transactions se faisaient à partir de sa résidence du 2024, rue Cardinal, dans le quartier Émard. «Moi, je fais du prêt usuraire», a-t-il lancé aux policiers venus l'arrêter, en février.

Bien qu'il n'ait pas de casier judiciaire, Lauzon fraye dans le milieu interlope depuis des années. Dans les années 90, il tenait la brasserie Chez François, au coin des rues Saint-Patrick et Monk, dan le quartier Émard. L'endroit était reconnu pour ses activités de recel et de vente de stupéfiants. Officiellement, Lauzon est à la retraite depuis sept ans, et il a de sérieux problèmes de santé. C'est la raison première de la liberté sous caution qu'il a obtenue le 9 septembre, à la suite d'un appel en Cour supérieure. Il était détenu depuis son arrestation.

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a confirmé à La Presse qu'une policière avait été arrêtée «pour ces allégations» d'utilisation frauduleuse des données du Centre de renseignements policiers du Québec (CRPQ), à la suite d'une enquête de la division des affaires internes. Paul Chablo, chef de la division des communications du SPVM, n'a toutefois pas confirmé le nom de la policière ni les circonstances de son arrestation au motif qu'elle n'a pas encore comparu.

Selon nos sources, Nancy Lauzon a été libérée contre promesse de comparaître en Cour du Québec à la mi-octobre. Depuis l'opération Axe, elle a été reléguée à des tâches administratives. La policière, qui compte environ six ans de service, était auparavant affectée au poste de quartier no 15, dans l'arrondissement du Sud-Ouest, là où les présumés complices de son père au sein du clan Lavertue étaient les plus actifs dans la revente de cocaïne et de marijuana.

Au cours d'une perquisition à la résidence de son père, rue Cardinal, à Émard, les spécialistes antigangs de la police de Montréal ont découvert dans un placard deux balances, un appareil pour sceller des sacs de plastique ainsi qu'un cellulaire au nom d'un certain Stéphane Lauzon. Dans la chambre d'un de ses fils, il y avait un registre de comptabilité lié au trafic de stupéfiants. Dans son auto, les enquêteurs ont par ailleurs trouvé une liste de clients apparentés à son commerce de prêt usuraire.

La semaine dernière, Mario Lambert, enquêteur de la section des homicides, a aussi été accusé sous trois chefs d'utilisation frauduleuse d'un ordinateur. Les deux dossiers ne sont pas liés, selon nos sources.

Les policiers ont la permission de faire des recherches dans ces banques de données dans le cadre de leur travail seulement.