À 20 ans, le prédateur sexuel Kamal Meddane est devenu le plus jeune criminel au Québec à être déclaré délinquant dangereux, une peine d'exception, la plus lourde prévue au Code criminel.

Le juge Patrice Hurtubise a rendu cette décision hier en chambre de la jeunesse, à Montréal. Aux yeux du magistrat, il n'existe aucune possibilité que le risque incarné par ce jeune violeur soit contenu dans la collectivité.

Kamal Meddane avait 14 ans lorsqu'il a commis sa première agression sexuelle. À 16 ans, il a récidivé, cette fois avec beaucoup de violence.

C'est à cet âge qu'il a refusé une première thérapie pour les agresseurs sexuels. Il en a refusé trois au total.

À 17 ans, alors qu'il était suivi par un thérapeute, il a fait trois nouvelles victimes - des adolescentes de 13 ans aux airs fragiles qu'il choisit au hasard dans un autobus ou une station de métro. Il a forcé l'une d'elles à le regarder se masturber. Il en a violé une autre sans condom.

Au terme du procès, le juge Hurtubise l'a déclaré coupable de ces trois dernières agressions. La Couronne, représentée par Me Sylvie Lemieux, a demandé au juge d'infliger au jeune une peine d'adulte, ce à quoi le magistrat a consenti. C'est pourquoi les médias peuvent le nommer.

Le juge Hurtubise a donc ordonné l'incarcération de Meddane pour une durée indéterminée. Le jeune homme purgera au moins sept ans de prison, puis fera l'objet d'une évaluation tous les deux ans pour déterminer s'il est apte à sortir de prison.

L'avocate de la défense, Sophie Picard, avait plutôt recommandé que son client soit déclaré délinquant à contrôler (période de surveillance maximale de 10 ans) en raison de son «jeune âge». La défense souligne, avec justesse, le jeune âge de l'accusé. Malheureusement, ce n'est pas suffisant pour mettre de côté une preuve accablante.

«Donner une chance à Kamal Meddane, comme le suggère sa procureure, équivaudrait ni plus ni moins à l'expression d'un voeu pieux», a indiqué le magistrat.

Assis dans le box des accusés, Kamal Meddane a semblé atterré par le verdict. Sa mère, assise avec un autre de ses fils dans la salle d'audience, a poussé un cri à fendre l'âme avant de s'effondrer, en larmes. Le juge Hurtubise avait d'ailleurs tenu à préciser en préambule de son jugement que la famille de l'accusé était elle aussi « victime à sa manière » dans cette histoire.

Kamal Meddane a une «déviance sexuelle de type sadique», selon le psychiatre Louis Morissette, qui l'a évalué à la demande de la Couronne. Il se sert de la violence et de l'humiliation pour agresser des adolescentes et des femmes. Élève médiocre à l'école, Meddane n'a pas de maladie mentale grave ni de problème de toxicomanie ou d'alcool. Il a une «haute estime de lui-même» et manque d'empathie, toujours selon le médecin.

Meddane était détenu depuis son arrestation, en avril 2007. Il est en attente d'un procès dans une autre cause d'agression sexuelle, au palais de justice de Montréal cette fois.

En 20 ans de carrière, c'était seulement la deuxième fois que le psychiatre Louis Morissette concluait qu'un jeune adulte, adolescent au moment de ses crimes, devait être déclaré «délinquant dangereux». Dans le premier cas, celui du prédateur sexuel de Montréal-Nord Wisben Démosthène, 20 ans, le psychiatre avait suggéré «délinquant à contrôler ou dangereux». Démosthène a finalement été déclaré délinquant à contrôler.

Le juge Hurtubise a tenu à préciser dans son verdict que le témoignage du Dr Morissette ne souffrait «d'aucune contradiction ni de quelque lacune».

Rappelons que le Dr Morissette devra répondre le 30 octobre à des accusations de parjure et d'entrave à la justice en lien avec un témoignage d'expert qu'il a rendu plus tôt cette année au procès de Francis Proulx, à Québec.