«Sans remords» après avoir agressé sexuellement une adolescente lourdement handicapée, le chauffeur de transport scolaire Rossel Boulerice n'a pas réussi à éviter la prison.

La santé fragile de l'homme de 63 ans - qui a fait trois AVC depuis son arrestation - n'a pas ému le juge Marc Bisson, hier, au palais de justice de Longueuil. Le magistrat a condamné M. Boulerice à neuf mois d'emprisonnement fermes suivis d'une période de probation de trois ans.

 

Au terme de son procès, en mars dernier, Rossel Boulerice avait été reconnu coupable d'avoir eu des contacts sexuels avec une mineure alors qu'il était en situation d'autorité. Il était en liberté en attente de sa peine.

Assis dans la salle d'audience, l'accusé n'a pas bronché au moment du prononcé de la peine. Il n'a pas davantage réagi lorsqu'un agent spécial lui a passé les menottes. Il a ensuite boité vers le box des accusés, l'une de ses jambes le faisant visiblement souffrir.

Le juge Bisson a longuement insisté, hier, sur l'«extrême vulnérabilité» de la victime, une adolescente de 15 ans lourdement handicapée qui a l'âge mental d'un enfant de 3 ans.

Deux enseignants postés par hasard à une fenêtre ont vu l'agresseur caresser les seins et l'entrejambe de la victime et ont porté plainte.

«N'eussent été ces deux témoins indépendants, la victime n'aurait jamais été en mesure de porter plainte», a indiqué le juge Bisson. Plus de deux ans après l'agression, M. Boulerice n'a manifesté «ni remords ni regret», a ajouté le magistrat. L'accusé n'a pas non plus entrepris de thérapie. Il a également interjeté appel du verdict de culpabilité.

La procureure de la Couronne, Marie-Josée Guillemette, s'est réjouie du caractère «dissuasif et réprobateur» de la peine, qui correspond à ce qu'elle avait demandé.

De son côté, la défense recommandait plutôt une peine à purger dans la communauté. Au moment des plaidoiries sur la peine, l'avocate de la défense, Me Lucie Joncas, avait plaidé le «geste isolé», arguant que son client était marié depuis plusieurs années et qu'il n'avait pas d'antécédent judiciaire.

Depuis l'agression, Rossel Boulerice a eu trois accidents vasculaires cérébraux (AVC), avait alors insisté l'avocate de la défense. Le juge Bisson n'en a toutefois pas tenu compte. «Son état de santé n'est pas morbide. Les autorités carcérales pourront lui prodiguer les soins nécessaires», a-t-il souligné.

Les conséquences de l'agression sont difficiles à mesurer chez la victime, mais chose certaine, les parents éprouvent désormais une «crainte raisonnable» à confier leur enfant à un tiers, selon le juge. Le chauffeur était mandaté par une commission scolaire de la Rive-Sud pour emmener l'adolescente à l'école chaque jour. Il a perdu son emploi depuis.