Omar Khadr n'est pas le seul Canadien détenu à l'étranger. En tout, 1073 individus ayant la citoyenneté canadienne se trouvent dans des prisons un peu partout sur la planète, démontrent des documents que La Presse a obtenus grâce à la Loi sur l'accès à l'information.

Plus de la moitié de ces Canadiens, soit 551, sont emprisonnés aux États-Unis, selon les dernières données compilées par le ministère des Affaires étrangères, datées de juillet dernier.

 

Il y a aussi 57 Canadiens qui purgent une peine de prison en Chine, 55 au Mexique, 44 dans les Émirats arabes et 33 en Grande-Bretagne.

Les deux tiers de ces Canadiens sont nés au Canada. Les autres sont des immigrés qui ont la citoyenneté canadienne. Ils sont majoritairement des hommes (89%) âgés entre de 21 à 49 ans.

En outre, 40% de ces détenus purgent une peine liée à une affaire de possession ou de trafic de stupéfiants. Environ 11% font face à une accusation de meurtre tandis que 8% sont accusés de fraude.

Depuis 2000, le nombre total de Canadiens qui purgent une peine de prison à l'étranger a toujours dépassé 1600 et a même atteint 2037 en 2008. Ce nombre a donc diminué de près de la moitié jusqu'ici par rapport au sommet de l'an dernier.

Projet de loi du NPD

Malgré tout, le député néo-démocrate Paul Dewar, qui compte déposer un projet de loi contraignant le gouvernement canadien à se porter à la défense des Canadiens détenus à l'étranger et à leur offrir les services consulaires nécessaires, s'est dit surpris par ces statistiques.

«Cela me convainc encore plus de la nécessité de déposer mon projet de loi», a dit M. Dewar, critique du NPD en matière d'affaires étrangères. «Les Canadiens sont de plus en plus inquiets du fait que le gouvernement ne reconnaît pas son devoir constitutionnel de protéger nos citoyens à l'étranger», a ajouté le député

M. Dewar a ajouté que la loi qu'il propose est nécessaire afin d'éviter que le gouvernement canadien refuse de rapatrier des Canadiens détenus à l'étranger, comme Omar Khadr, malgré les décisions des tribunaux qui les y obligent.

Le projet de loi du député Dewar viserait notamment à imposer au gouvernement le devoir constitutionnel de protéger les Canadiens à l'étranger, à assurer des services consulaires constants et non discriminatoires à tous les Canadiens en détresse et à créer un bureau d'ombudsman indépendant qui serait responsable de vérifier la performance du gouvernement à cet égard.

Âgé de 22 ans, M. Khadr a été emprisonné à Guantánamo par les États-Unis, qui l'accusent d'avoir tué un soldat américain il y a sept ans en lui lançant une grenade.

En avril, la Cour fédérale du Canada a statué que le gouvernement canadien avait l'obligation de rapatrier Omar Khadr, qui est né à Toronto. Le gouvernement Harper a décidé d'en appeler devant la Cour suprême du Canada.

Jusqu'ici, le premier ministre Stephen Harper a fait valoir qu'il attendait de voir quel sort l'administration de Barack Obama compte réserver à Omar Khadr une fois que la prison de Guantánamo sera fermée, l'an prochain. M. Harper a aussi soutenu que le jeune doit répondre à des accusations «très graves» devant la justice américaine.

Le procès intenté en cour martiale contre le jeune Canadien a commencé il y a quatre ans et est toujours en cours.

M. Khadr n'est pas le premier Canadien à obtenir un jugement favorable des tribunaux pour que le gouvernement fédéral l'aide à rentrer au pays. En effet,

Abousfian Abdelrazik, retenu durant six ans au Soudan, est rentré au pays durant l'été après que le gouvernement fédéral eut épuisé tous les recours juridiques et eut été contraint par les tribunaux de le rapatrier.

Soupçonné d'avoir des liens avec un réseau terroriste, M. Abdelrazik ne pouvait quitter le Soudan parce que le gouvernement canadien refusait de lui délivrer un passeport. La semaine dernière, ses avocats ont annoncé qu'il intentait une poursuite de 27 millions de dollars contre le gouvernement fédéral et le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon.

Avec la collaboration de William Leclerc