L'ex-hockeyeur Jonathan Roy a commis un acte violent qui n'était «ni du sport, ni un jeu» et doit en répondre devant la justice, a fait valoir la couronne, mardi, au Palais de Justice de Chicoutimi.

Le procureur Normand Lavoie a ainsi répliqué aux arguments avancés par l'avocat de Roy, Me Steve Magnan, qui réclame l'arrêt des procédures intentées contre son client.

L'ancien gardien de but des Remparts de Québec est accusé de voies de fait simple pour des gestes commis lors d'une mêlée survenue le 22 mars 2008 sur la glace du Centre Georges-Vézina de Saguenay, lors d'une partie des séries éliminatoires de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ).

Roy avait passé à tabac le gardien des Saguenéens de Chicoutimi, Bobby Nadeau, alors que ce dernier avait clairement signifié qu'il ne voulait pas engager le combat.

Devant le juge Valmont Beaulieu de la Cour du Québec, Me Magnan a soutenu que son client et son père entraîneur Patrick Roy, avaient été victimes d'une enquête «ciblée» et «biaisée» des policiers de Chicoutimi.

Selon lui, les enquêteurs ont consacré tous leurs efforts à incriminer le fils de l'ancienne gloire de la Ligue nationale de hockey (LNH), alors que d'autres joueurs avaient commis des gestes tout aussi violents lors de la mêlée.

Plus encore, l'avocat de Roy a affirmé que son client était victime d'un abus de procédure, puisqu'il a été accusé quatre mois après les faits, en vertu d'un changement de directive du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP).

N'eut été de la modification apportée à la directive le 28 juillet 2008, Jonathan Roy n'aurait pas pu être accusé, n'ayant pas causé de blessure à sa victime, a relaté son avocat.

En effet, la directive en vigueur depuis 1977 stipulait que seules des voies de fait causant des lésions corporelles lors d'une partie de hockey pouvaient faire l'objet d'accusations criminelles. Jonathan Roy a été accusé le 31 juillet 2008, trois jours après l'amendement inscrit à la directive du DPCP.

«La directive a été changée pour répondre à la vindicte populaire», a allégué Me Magnan.

«Uniquement pour accuser M. Roy», a-t-il ajouté.

Cette modification n'est nullement à l'origine de l'accusation portée contre Jonathan Roy, a répliqué le procureur de la couronne, Me Normand Lavoie, dans sa plaidoirie en fin de journée.

Les substituts du procureur de la couronne jouissent d'un pouvoir discrétionnaire en vertu du Code criminel qui a préséance sur les directives du DPCP, a-t-il plaidé.

«Le DPCP a certains pouvoirs, les substituts en ont aussi, dont l'un discrétionnaire», a dit Me Lavoie.

Le procureur est cependant apparu moins à l'aise une fois venu le temps d'aborder la question de la neutralité de l'enquête policière menée après l'incident.

La défense soutient en effet que les policiers ont manqué d'objectivité en ne recueillant que les témoignages d'une dizaine de détenteurs de billet de saison des Saguenéens.

Ne rencontrer que les plus chauds partisans de l'équipe opposée à l'intimé «n'est pas la meilleure chose à faire», a convenu Me Lavoie.

Néanmoins, «les images parlent d'elles-mêmes», a-t-il poursuivi, faisant allusion à la vidéo de la mêlée, maintes fois diffusée sur toutes les chaînes de télévision dans les jours suivant l'incident.

Le comportement de Jonathan Roy, lorsqu'il s'est rué sur Bobby Nadeau, n'était «plus du jeu de hockey, ni du sport», a insisté Me Lavoie.

Quant aux autres joueurs impliqués dans la mêlée, la police a conclu qu'il s'agissait de «bagarres consensuelles», a-t-il dit.

Après deux jours d'audience, le juge Beaulieu a pris l'affaire en délibéré et rendra sa décision sur la requête en arrêt des procédures le 8 septembre.

Jonathan Roy saura alors s'il devra subir un procès pour les gestes reprochés.

N'eut été de la modification de la directive apportée le 28 juillet 2008, on n'aurait pas pu accuser Jonathan Roy, puisqu'il n'avait pas causé de blessure à sa victime.

La directive en vigueur depuis 1977 stipulait que seule des voies de fait causant des lésions corporelles pouvaient faire l'objet d'accusations criminelles.

Me Magnan estime inconcevable que Roy ait été accusé de manière rétroactive. La Couronne doit présenter ses arguments plus tard mardi.

Le Quotidien, Jeannot Lévesque

Bobby Nadeau