Huit fois plus de doses d'ecstasy ont été confisquées aux douanes l'an dernier par rapport à 2007. L'explosion du nombre de doses saisies n'aurait toutefois pas eu d'impact sur la disponibilité de la drogue. Depuis quelques années, le Canada serait même devenu une plaque tournante du trafic d'ecstasy.

Grâce à des documents obtenus en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, La Presse a appris que, en 2008, l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) a saisi 274 274 doses d'ecstasy au cours de 88 perquisitions. L'année précédente, les douaniers avaient mis la main sur 34 408 doses lors de 72 saisies.

Selon Tracie Leblanc, porte-parole à l'ASFC, cette augmentation s'explique surtout par une importante saisie réalisée à la fin de l'année 2008. Des douaniers avaient alors intercepté une cargaison de 30kg d'ecstasy vouée à l'exportation.

Il n'a pas été possible de savoir si le reste de la drogue saisie était destinée à l'exportation ou à l'importation, mais, selon l'Office des Nations unies contre les drogues et le crime (ONUDC), le Canada serait devenu le principal fournisseur de la «drogue de l'amour» en Amérique du Nord.

En juin, le directeur général de l'ONUDC, Antonio Maria Costa, a également indiqué que le Canada était devenu une importante plaque tournante du commerce d'ecstasy et d'amphétamine. Il a pressé le gouvernement de prendre des mesures pour contrer l'industrie clandestine en émergence.

«C'est une drogue que l'on trouve de plus en plus dans la rue», confirme René Descôteaux, du Service de sensibilisation aux drogues et au crime organisé de la GRC.

«Il y a cinq ou six ans, l'ecstasy était surtout importée des Pays-Bas. Aujourd'hui, environ 70% de la drogue est fabriquée ici, au Québec, à partir d'une substance qui nous vient généralement de la Chine. Nous sommes le troisième producteur après la Colombie-Britannique et l'Ontario.»

La criminologue Line Beauchesne, qui se spécialise dans la question des drogues, estime que l'augmentation des saisies aux frontières n'aura pas d'impact sur la disponibilité de la drogue.

«C'est une drogue qui est facile à trafiquer et qui est facile à faire, explique-t-elle. Les laboratoires sont également plus difficiles à repérer. Et même si c'est une drogue populaire, il n'y a jamais eu de pénurie sur le terrain.»

De son côté, René Descôteaux explique que les laboratoires de fabrication ont migré vers le nord en partie à cause des peines plus dissuasives qui existent aux États-Unis depuis quelques années.

Selon le rapport de l'ONUDC, la moitié de l'ecstasy produite dans des laboratoires canadiens en 2007 était destinée aux marchés américain, australien et japonais. Le marché est dominé surtout par des groupes criminels asiatiques.

Avec la collaboration de William Leclerc et Martin Croteau