Des toitures et des arbres matures littéralement arrachés, des bateaux et des voitures renversés, des cabanons soulevés de terre, des tables, des chaises et des vélos dispersés sur un large périmètre: la puissante tornade qui a secoué Mont-Laurier mardi après-midi a laissé dans son sillage une mer de débris et une grande stupéfaction.

La vue des ravages qu'a causés cette tornade laissait bouche bée. Les gens avaient d'ailleurs du mal à exprimer en mots ce qui s'était produit la veille.

 

«C'était comme un éclair... Ça a commencé par un bruit de tonnerre, les vitres ont volé en éclats, ça volait partout dans la maison, les débris atterrissaient partout sur le terrain, le vent sifflait. En quelques secondes, c'était fini, d'un coup sec», a raconté Jean-Raymond Prévost.

Tornade de force F2

Assis sur le perron de sa résidence, il observait, encore secoué, les employés d'Hydro-Québec réparer les fils électriques sectionnés devant chez lui. Un morceau de lampadaire déraciné se trouvait à quelques mètres, sur sa pelouse. «J'habite ici depuis 38 ans. Je ne suis pas peureux, mais je ne veux pas vivre ça une autre fois», a confessé l'homme de 77 ans.

La tornade de force F2 (sur l'échelle de Fujita) qui a frappé Mont-Laurier mardi a détruit 21 résidences, selon une estimation de la municipalité, et causé pour plus de 1 million de dollars de dommages. Par miracle, seulement deux résidants d'une municipalité voisine ont subi des blessures mineures.

Selon René Héroux, d'Environnement Canada, les tornades d'une telle intensité, avec des vents soufflant entre 180 et 250 km/h, sont très rares au Québec. «Chaque été, il y a six tornades au Québec, la plupart de force 0 ou 1. La dernière d'une telle ampleur remonte à 1994», a indiqué M. Héroux, qui explique que l'air chaud, l'humidité et le cisaillement des vents de mardi après-midi ont concouru à la naissance du phénomène météorologique.

Les dommages les plus lourds ont été observés dans un pâté de maisons situé près du boulevard Paquette, l'artère commerciale de la ville.

Toute la journée, victimes de la tornade, employés municipaux et experts en sinistres s'affairaient à nettoyer les dégâts. Le son des tronçonneuses utilisées pour découper les arbres et les branches arrachés résonnait dans tout le secteur.

Perte totale

À l'angle des rues Belcourt et Beaudry, les toitures de trois maisons côte à côte s'étaient envolées.

Germain Vanier arpentait en soupirant la maison qu'il possède depuis 31 ans. De l'intérieur, on pouvait apercevoir les nuages gris qui commençaient à prendre forme au-dessus de la ville. Sa femme regardait la télévision dans le salon lors du passage de la tornade. «La fenêtre a littéralement volé sur le divan à l'autre extrémité. Ma femme s'est réfugiée à toute vitesse dans sa chambre avant de se sentir soulevée de terre pour retomber sur le ventre», a expliqué M. Vanier, au milieu des ruines de sa maison, une perte totale selon lui. C'est sans compter les débris de plusieurs résidences voisines qui jonchaient son terrain. Même les deux épinettes de M. Vanier, qui ont plus de 30 ans, ont été déracinées. «On va essayer de sauver les souvenirs de famille, puis je vais chercher un logement ou une chambre d'hôtel», a laissé tomber M. Vanier.

Devant de telles scènes de désolation, d'autres voisins s'estiment chanceux. C'est le cas de Suzanne Doré et de son conjoint, Pierre Larocque, qui achevaient de remplir leur deuxième remorque de débris. «Notre cabanon s'est soulevé de terre pour retomber quatre pieds plus loin, mon mur de brique est défoncé et on a reçu des débris de la maison du voisin», a néanmoins déploré l'homme.

Cet autre propriétaire constatait pour la première fois les dommages causés à la maison qu'il loue à une famille. «C'est une catastrophe», a résumé Daniel Guénette, qui redoute que la résidence soit une perte totale. «Ça a levé de partout», a-t-il ajouté en montrant du doigt les murs fissurés et un trou béant au plafond.

Du poste de police local de la Sûreté du Québec, le directeur Danny Rail a raconté avoir observé en direct l'arrivée de la tornade. «Un tourbillon approchait et on voyait des débris voler à l'intérieur, comme des morceaux de toiture et même les bandes de la patinoire», a souligné le directeur, qui n'a jamais rien vu de tel. En fin d'après-midi, plusieurs commerces et restaurants du boulevard Paquette étaient toujours privés d'électricité.

Avec Karim Benessaieh