Non seulement le cyberprédateur Sylvain Dufresne a eu des contacts sexuels avec un jeune de 12 ans, mais il se savait porteur du VIH. La jeune victime n'a pas été infectée. Toutefois, ses parents et elle ont vécu des moments d'angoisse dans l'attente du résultat des tests.

Aux yeux de la Couronne, cela constitue l'un des facteurs aggravants pour lequel Dufresne, 35 ans, devrait être déclaré délinquant à contrôler. L'accusé a rencontré sa victime par internet. Le garçon, âgé de 12 ans, s'était fait passer pour un ado de 15 ans. Il a invité l'accusé chez lui alors que ses parents étaient absents, en juin 2008. La soeur du jeune garçon les a surpris alors qu'il faisait une fellation à l'accusé. Ce dernier s'est alors enfui par une fenêtre. Il a finalement été arrêté et a plaidé coupable à des accusations de contacts sexuels. Il est détenu depuis un an.

 

C'est sa troisième condamnation pour des crimes à caractère sexuel. En 1999, Sylvain Dufresne avait été condamné à six mois de prison pour production de matériel pornographique juvénile. Puis, en 2002, il a écopé de 16 mois de prison pour des attouchements sexuels sur un adolescent de 13 ans qu'il avait aussi recruté sur le Net.

Au psychiatre de l'Institut Philippe-Pinel chargé de l'évaluer, Dufresne a tenu des propos qui banalisaient son attirance sexuelle envers les jeunes adolescents. «Dorénavant, je vais les carter s'il le faut», a-t-il dit. Le risque de récidive du pédophile est plus élevé que celui de la moyenne des délinquants sexuels, selon le psychiatre, Louis Bérard, venu témoigner à la demande de la Couronne, hier, au palais de justice de Longueuil. Dufresne devrait être surveillé à titre de délinquant à contrôler pour une période de 10 ans, selon le médecin.

Dufresne a suivi une thérapie qui ne l'a pas empêché de récidiver. «Carter les gens pour savoir s'ils ont 15 ans et 8 mois ou 16 ans (âge du consentement sexuel au Canada), ça ne témoigne pas d'un cheminement thérapeutique», a dit le Dr Bérard.

Le pédophile a aussi confié au psychiatre qu'il portait un condom seulement avec ses futurs partenaires sérieux, et non avec ceux avec qui il a des relations ponctuelles. Il a même déjà menacé la mère d'une victime en se servant du fait qu'il était séropositif, a témoigné le médecin.

Dufresne est un être narcissique qui a déjà été victime d'attouchements sexuels lorsqu'il était enfant, selon le portrait dressé par le psychiatre. Il s'est vanté d'avoir eu plus d'une centaine de partenaires dans sa vie. «L'accusé a un problème chronique qui ne s'amendera pas de lui-même avec le passage du temps», a conclu le Dr Bérard.

La procureure de la Couronne Marie-Josée Guillemette a réclamé une peine de trois ans de prison en plus de la période de surveillance maximale prévue pour les délinquants à contrôler, soit 10 ans.

De son côté, la défense s'oppose à ce que son client soit déclaré délinquant à contrôler. Me Hélène Poussard a réclamé une peine d'emprisonnement de deux ans moins un jour afin qu'il puisse la purger dans un établissement carcéral provincial. Me Poussard a fait valoir que son client avait cheminé puisqu'il clavardait sur un site internet pour adultes. Il n'était pas à la recherche d'un jeune, a-t-elle indiqué au psychiatre en contre-interrogatoire.

C'est la victime qui a d'ailleurs provoqué la rencontre, a ajouté l'avocate. La réponse du psychiatre ne s'est pas fait attendre: «Quelqu'un d'intelligent comme M. Dufresne aurait dû comprendre en voyant l'enfant ouvrir la porte qu'il allait se mettre dans le pétrin.» D'autant plus que la victime n'avait pas l'air plus vieille que son âge. Le juge Marc Bisson rendra sa sentence le 11 septembre.