Pour avoir embauché une fugueuse de 14 ans dans son bar de danseuses nues Les Amazones, en plus d'avoir toléré la présence de clients mineurs, l'homme d'affaires Peter Sergakis a écopé une sanction sévère de la Régie des alcools, des courses et des jeux. La Régie a suspendu le permis de son bar de l'ouest de Montréal pour une durée de 20 jours.

M. Sergakis, aussi président de l'Union des tenanciers de bars du Québec, portera cette décision en appel, a dit à La Presse, son avocat, Sébastien Sénéchal. Le propriétaire du bar de danseuses nues ne fera aucun commentaire d'ici là, a fait valoir l'avocat.

La majorité des décisions de suspension rendues par la Régie dans une année sont plutôt de l'ordre de quelques jours. Dans ce cas-ci, la Régie a considéré l'embauche d'une danseuse mineure de 14 ans comme un «fait aggravant», peut-on lire dans la décision rendue fin juin.

Des policiers ont découvert la présence de cette danseuse mineure dans le bar en octobre 2006. Les responsables du bar n'ont jamais vérifié son âge avant de l'embaucher, a-t-elle dit aux enquêteurs. Puis à trois reprises, entre février et novembre 2008, quatre clients mineurs ont aussi été interceptés dans le bar. Deux de ces clients avaient payé 5 $ au portier pour éviter d'être «cartés».

Peter Sergakis a fait valoir que c'était la première fois qu'il était convoqué par la Régie en 29 ans d'activité au Cabaret Les Amazones, lors d'une audience en mars dernier. Son bar attire plus de 1000 clients chaque jour et emploie quelque 80 danseuses, selon son témoignage. Il a insisté sur le fait que les cartes d'identité étaient toujours exigées à l'entrée. Après les interventions policières, la sécurité a été renforcée, a-t-il aussi plaidé.

Quant à la présence d'une danseuse mineure dans son bar, M. Sergakis n'a pas renversé le fardeau de la preuve qui lui incombait en vertu de la loi, selon la Régie. Même si le gérant du bar a mentionné qu'il a cru qu'elle avait 18 ans, la preuve entendue lors des audiences a démontré que la jeune danseuse était bien une personne mineure, a souligné la Régie.

D'ici à ce que l'appel soit entendu sur le fond, M. Sergakis présentera vendredi une requête devant le Tribunal administratif du Québec pour surseoir à la décision de la Régie. L'avocat du tenancier, Me Sénéchal, entend entre autres prouver que son client a agi avec «diligence raisonnable pour constater l'âge de la personne (danseuse) et qu'il avait un motif raisonnable de croire que celle-ci était majeure», et ce, en vertu de la Loi sur les infractions en matière de boissons alcooliques.