L'ambassadeur déchu et ex-ministre des Travaux publics Alfonso Gagliano perd l'action civile qu'il a intentée contre le gouvernement du Canada.

M. Gagliano, qui a perdu son poste d'ambassadeur au Danemark dans la foulée du scandale des commandites, en 2004, réclamait un peu plus de 8 millions de dollars pour congédiement abusif et atteinte à sa réputation. Il soutenait que le premier ministre Paul Martin avait fait de lui son bouc émissaire dans la crise des commandites qui secouait le gouvernement. Le procès civil s'est tenu à la fin du mois de mai. Le juge de la Cour supérieure Kevin Downs n'a mis que quelques semaines à rendre sa décision de rejeter l'action avec dépens.

Dans son jugement de 41 pages, le magistrat signale que M. Gagliano a été nommé ambassadeur en vertu d'une décision discrétionnaire du gouvernement. Cette nomination était révocable en tout temps, «quelle que soit la qualité des services» qu'il rendait, a noté le juge. Comme M. Gagliano avait été le ministre responsable de l'application du programme des commandites - de 1997 à 2002 -, des soupçons de responsabilité à son égard pouvaient surgir dans l'esprit du public. Il était donc pour ainsi dire normal que le premier ministre Paul Martin s'interroge sur la confiance qu'il pouvait avoir en son ambassadeur. M. Gagliano prétendait que M. Martin avait coulé sa réputation dans son adresse à la nation, en avril 2005. En pleine tempête du scandale des commandites, à la tête d'un gouvernement minoritaire, et voulant éviter des élections que réclamait l'opposition, M. Martin avait voulu démontrer que le gouvernement réagissait à la crise. Il avait énuméré les actions qu'il avait prises pour régler le problème. Outre le fait d'avoir annulé le programme des commandites, d'avoir ordonné une commission d'enquête, et entrepris des procédures judiciaires contre les agences, il avait signalé qu'il avait congédié Alfonso Gagliano de son poste d'ambassadeur.

«Il est difficile de prétendre à la mauvaise foi du défendeur Martin en sa qualité de premier ministre dans les gestes qu'il a posés lorsqu'il y a de la part de la vérificatrice générale un rapport accablant quant à la gestion du programme des commandites et que ce rapport vise directement le ministère des Travaux publics sous la gouverne du demandeur», peut-on lire dans le jugement.

L'avocat de M. Gagliano, Me Pierre Fournier, n'a pas voulu indiquer s'il y aurait appel de la décision. «Il n'y aura aucun commentaire», a-t-il répété.

Né en Sicile en 1942, M. Gagliano est arrivé au Canada en 1958. Il a été pressier pendant six ans, avant d'entreprendre des études puis obtenir un diplôme de comptable CGA en 1967. Résidant de Saint-Léonard, il a été élu député pour le Parti libéral à Ottawa et a été réélu par la suite. En 1997, il a été nommé ministre des Travaux publics. Il a démissionné de son poste le 15 janvier 2002, et a été nommé ambassadeur au royaume du Danemark. Son mandat devait durer quatre ans, mais il a été rappelé en février 2004. M. Gagliano affirme qu'il a tenté sans succès de se trouver un emploi par la suite. Âgé de 69 ans, il dit vivre aujourd'hui de sa pension de député et s'est acheté un vignoble dans les Cantons-de-l'Est.