Aussi longtemps que la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) restera convaincue que le bar G String est tenu en sous-main par un membre des Hells Angels, cet établissement licencié de Saint-Robert-de-Sorel n'aura pas son permis d'exploitation.

L'ancien pompier et travailleur de fonderie Michel Rivest s'est vu retirer le permis temporaire qu'il avait reçu en se portant acquéreur du G String, le 3 janvier 2008. Devant le tribunal de la Régie, il a dit avoir acheté ce bar de danseuses nues avec une partie de l'argent qui lui a été alloué par la CSST, à la suite de deux accidents de travail.

Avant d'en devenir propriétaire, Rivest était un client du bar, situé dans le fief des Hells Angels à Sorel. Il y a aussi travaillé "comme homme à tout faire, bénévolement", indique-t-on dans la décision rendue le 25 mai dernier. Il a d'abord acheté le fonds de commerce de l'ancien titulaire du permis d'alcool, Luc Mandeville. En janvier dernier, il a ensuite acquis l'immeuble qui abrite le bar, chemin Saint-Robert, de la firme Placements LDP, des frères Daniel et Lionel Plante.

Depuis, Rivest a agrandi l'établissement en vue d'y accueillir 124 personnes. Le plan, daté du 11 mars 2009, prévoit six isoloirs et deux salons VIP au rez-de-chaussée. L'étage supérieur est réservé aux danseuses qui viennent de l'extérieur; elles y disposent de cinq chambres et d'un salon de bronzage. On ne peut avoir accès à ces appartements à partir du bar.

Entrées contrôlées

Tout cela paraît correct. Ce qui l'est moins, aux yeux de la Régie, c'est que les trois portes de l'établissement sont contrôlées de l'intérieur. Rivest est le seul à pouvoir actionner le bouton permettant d'entrer dans le bar. La raison: il ne veut pas de membres des gangs de rue, mais il tolère la présence des Hells Angels.

Pour sa part, la police estime que cette façon de contrôler l'entrée de la clientèle "donne la chance au responsable de l'établissement d'interrompre les activités illicites, s'il y en avait, dans le salon VIP", a soumis le sergent Charles Hudon, de la Sûreté du Québec. Il dit avoir des informations selon lesquelles les Hells y tiendraient des réunions secrètes.

Selon un expert de la SQ, au moins deux employés du G String ont des liens avec les motards. Et, selon le sergent Alain Belleau, qui a également témoigné devant la Régie, le véritable propriétaire du bar serait le Hells Angel Serge Lebrasseur, passé dernièrement de la section Montréal (Sorel) à celle de Trois-Rivières.